Ils dénoncent leurs conditions de travail. Les vétérinaires sont en colère. C'est dû non seulement à leurs salaires — alignés théoriquement par une loi sur ceux des médecins — qui sont en deçà de ce qu'ils méritent, mais aussi à la situation de leur profession qui ne cesse de se dégrader, ce qui les pousse à réagir en organisant une journée de protestation le jour de l'Aïd. “Nous n'avons pas les moyens d'exercer notre fonction dignement”, se plaint la secrétaire nationale chargée de la communication du Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l'administration publique récemment créé. Rencontrée hier aux abattoirs de Rouiba, le Dr Akali Saïda affirme que “les nouvelles responsabilités qu'imposent l'ouverture de l'Algérie sur l'économie de marché, sa prochaine adhésion à l'OMC et la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne sont en total décalage avec les conditions dans lesquelles nous travaillons”. Les vétérinaires qui exercent aux postes-frontières, notamment dans les différents ports du pays, n'ont aucune prérogative en dépit du rôle important qu'ils sont appelés à jouer en matière de protection de l'économie nationale et, surtout, de la préservation de la santé des citoyens. Au port d'Alger, les inspecteurs vétérinaires occupent un conteneur comme bureau. Et cela sans compter les pressions qu'ils subissent au quotidien dans l'exercice de leurs fonctions. Par ailleurs, la manière dont est organisée la profession, le manque de moyens, de laboratoires, l'enchevêtrement des prérogatives même au niveau des directions centrales du ministère de l'Agriculture n'aident pas ce corps à mener à bien sa mission. La question des prérogatives est un autre problème. Les vétérinaires mis à la disposition de l'Assemblée populaire communale ou recrutés par les services de cette dernière sont privés de la possibilité d'être responsables du bureau d'hygiène qui, lui, est réservé au médecin qui fait rarement son apparition dans cette structure. Pour se faire entendre, le Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l'administration publique a remis une plate-forme de revendications à la tutelle qui n'a pas daigné lui répondre à ce jour. Le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, n'a pas lui aussi donné suite à sa demande d'audience. Ce silence inquiète beaucoup les vétérinaires, dont le bureau du syndicat élargi aux délégués de wilaya se réunira en session extraordinaire demain à l'Institut national de l'agriculture d'El-Harrach. Une conférence de presse sera également animée par les responsables de l'organisation syndicale qui compte bien faire entendre sa voix en observant une journée de protestation le jour de l'Aïd, mais sans toutefois procéder à un arrêt de travail. Les grévistes brandiront des banderoles pour dire leur colère et dénoncer les conditions dans lesquelles ils travaillent. K. D.