Résumé : Ferroudja retrouve la carte de Lyès dans ses affaires. Elle se rappelle alors du jeune homme qui l'avait abordée dans un fast-food en ville... Un moment de rêve, puis elle reprend ses esprits et se remet au travail. Farida revient et lui demande si elle aimerait travailler dans un salon de coiffure. Elle regarde son interlocutrice dans les yeux et cette dernière y lit son désarroi. -Tu te demandes où tu vas crécher ? Eh bien, dès demain nous irons voir la patronne... Nous verrons si elle pourrait te permettre de passer tes premières nuits au salon... Maya intervient : - Ne t'aventures pas trop Farida... La patronne ne connaît pas encore Ferroudja... On ne sait même pas si elle va donner une suite favorable à cette proposition. -Mais toi Maya, tu pourras toujours arranger les choses. N'est-ce pas que la patronne est une cousine à toi ? -Oui... Pour le boulot, je pense que c'est déjà acquis, mais pour l'hébergement, je ne pourrais rien garantir. -Alors Ferroudja continuera à vivre parmi nous jusqu'à nouvel ordre. -Hum... Tu crois que c'est la solution idéale ? Le salon se trouve en ville et tu connais les aléas du transport... Un inconvénient de taille pour elle... Si elle accepte ce boulot, la patronne ne va pas fermer les yeux sur les retards... Et puis, le soir pour le retour, un autre problème se posera avec les bus, surtout si elle termine un peu tard. Farida soupire : -Que va-t-on donc faire ? -Bon, écoute, je vais appeler ma cousine et discuter avec elle... Nous verrons ensuite s'il y a lieu d'accepter ce travail ou pas. Deux jours plus tard, Ferroudja se présente au salon de coiffure en question... La patronne l'embauche sans hésiter. Maya lui avait fait ses éloges, et comme il y avait urgence, elle accepte de la loger au salon dans un premier temps, sans pour autant promettre de la prendre en charge en quoi que ce soit d'autre. La fille devrait se débrouiller pour se trouver des couvertures et improviser un lit dans l'arrière-boutique... Elle devrait aussi éviter de cuisiner sur les lieux, etc. Ferroudja accepte toutes les conditions sans broncher... Elle devait travailler et gagner de l'argent... Ses parents au bled comptaient sur son aide, et ça urgeait. Elle s'habitua rapidement à son nouveau boulot et gagna la confiance de tout le monde en un laps de temps très court. Les coiffeuses, quoiqu'un peu jalouses de sa beauté, l'apprécièrent pour son sérieux et sa simplicité. Elle leur rendait de menus services et n'oubliait jamais de laver leurs blouses en fin de journée. Les clientes de leur côté approuvèrent ses comportements discrets et francs. La plupart lui remettaient de petits pourboires qu'elle rajoutait à sa tirelire pour envoyer un mandat au bled à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Trois années passèrent... Ferroudja avait beaucoup changé. En un mot, la petite paysanne timide est devenue une citadine, un peu plus sûre d'elle, qui connaissait la grande ville et ses habitants... La ville ne lui faisait plus peur. Elle pouvait sortir, faire ses courses, rencontrer des gens. Sa timidité maladive et ses maladresses n'étaient plus qu'un mauvais souvenir... Un jour, elle rencontra Lla Meriem dans un hammam... Ferroudja qui n'avait jamais oublié cette dame au grand cœur fut très gênée... Néanmoins, elle s'approche d'elle, l'embrasse et lui demande des nouvelles de la famille... Lalla Meriem, qui ne l'avait pas reconnue au premier abord, lui reprocha sa fugue et son long silence. Elle lui apprendra aussi que Djamel s'était senti tellement coupable qu'il avait fini par tout lui avouer... -Tu aurais dû m'en parler Ferroudja... J'aurais pu arranger les choses à ma manière... -Désolée Lla Meriem. Vous avez tous été formidables avec moi, que je m'en aurais voulu de vous créer des ennuis, j'ai donc préféré partir sur la pointe des pieds... -Petite idiote, et moi qui te cherchais partout...Hein Ferroudja, tu ne peux pas savoir le degré de la peine que tu nous a fait à moi et aux filles... Nous avons tous d'ailleurs sermonné Djamel, et Wahib nous a accusés d'avoir ramener une bombe à la maison... -Alors, j'en déduis que j'ai bien fait de vous quitter... -Et maintenant que deviens-tu Ferroudja ? -Je travaille dans un salon de coiffure... -Tu te débrouilles bien à ce que je vois... Mais où passes-tu tes nuits ? -Dans ce même salon. Une faveur de la patronne... -C'est bien ma fille... Je suis contente de te savoir à l'abri... Elle lui prend la main et hoche la tête : -Tout de même Ferroudja, tu pourras passer de temps à autre à la maison... -Merci, j'y penserais... C'est promis. (À suivre) Y. H.