Résumé : Djamel voulait épouser la bonne de la maison. Il voulait devancer son frère. Ferroudja découvre que les deux garçons étaient amoureux d'elle. Elle refuse de mêler les fils dans une famille qui l'a recueillie, alors qu'elle crevait de faim dans la rue. Anissa lui demande plus tard si elle était malade. Elle secoue la tête : -Non, je ne suis pas malade, j'ai juste une petite migraine. -Une migraine ? Dis plutôt que tu es surmenée Ferroudja. Avec tout le remue-ménage de ces derniers temps, cela va de soi. Remets-toi donc au lit, je vais te préparer une bonne tisane. - Non. Voyons Anissa, ne te dérange surtout pas, je vais très bien, je t'assure. -Il n'est pas question que tu redescendes pour ce soir, remets-toi au lit te dis-je. Allez Ferroudja, au lit ! Elle la repousse d'une main et l'oblige à se rallonger, puis quitte la chambre pour descendre lui préparer une tisane. Au bout d'une dizaine de minutes, elle revint avec un bol fumant. -Tiens, bois pendant que c'est chaud, cela te fera le plus grand bien. Ferroudja boit à petites gorgées le breuvage chaud, tandis que des questions se bousculaient dans sa tête. Que va-t-elle devenir ? Où serait-elle demain à la même heure ? À la rue probablement, se dit-elle. Anissa la borde et la tire de ses méditations. -Mais tu en fais une tête ma vieille, on dirait que tu n'a pas qu'une migraine. Ferroudja sourit : - Non, Anissa. Je n'ai rien. Même plus de migraine, je suis solide comme un roc, tu vois. Nous les paysannes, nous le sommes toutes un peu. C'est ce qui explique en partie notre longévité. -Tu te prends pour qui Ferroudja ? Un robot aurait vite fait de tomber en panne. Arrête donc un peu de te défendre pour une cause perdue d'avance. Ce soir, repos total. C'est maman qui l'exige. D'ailleurs, elle viendra tout à l'heure te rendre une petite visite de courtoisie. En attendant, couvre-toi bien et fais de beaux rêves. Anissa sortit, et Ferroudja rejette les couvertures sous lesquelles elle suffoquait. Elle fera mine de dormir toute à l'heure, quand la maîtresse de maison viendra lui rendre visite. Elle se lève, prend un sac et y jette quelques fringues qu'elle juge nécessaire d'emporter. Le strict minimum. Au bout d'un moment, elle entendit quelqu'un monter les escaliers. Vite, il faut se remettre au lit, se dit-elle. Elle se glisse hâtivement dans son lit, se couvre et fait mine de dormir à poings fermés. Elle sentit la porte s'ouvrir et reconnut les pas feutrés de Lla Meriem. Cette dernière s'approche d'elle et lui touche le front. Elle remonte les couvertures et éteint la lumière avant de ressortir de la chambre. Ferroudja sentit les larmes lui brûler les yeux. Cette femme a été tellement bonne avec elle. Un véritable ange gardien. Que va-t-elle devenir, si elle doit quitter la maison dès les premières heures de la matinée ? Ferroudja passe une nuit blanche. Elle remet en cause son départ à maintes reprises. Pourquoi n'irait-elle pas discuter avec les garçons à cœur ouvert, leur avouer qu'elle n'était pas celle que leurs parents espéraient comme bru ? Pourquoi ne s'entretiendrait-elle pas plutôt avec Lla Meriem ? Elle est bien placée pour connaître ses garçons, non ? Mais le souvenir de la cousine était encore vivace dans l'esprit de Ferroudja. Sait-on jamais ce qui se passe dans le cœur d'une maman ? Même si les deux femmes étaient de deux milieux différents, elles peuvent avoir toutes les deux les mêmes idées, lorsqu'il s'agit de leurs enfants. Une mère est une mère. (À suivre) Y. H.