Résumé : Mal dans sa peau, Ferroudja tente de trouver une issue plausible à sa situation. Elle aimait tant les membres de sa famille d'accueil, en particulier lla Meriem... Devrait-elle aller la retrouver et tout lui révéler ? Le cœur meurtri, Ferroudja se lève aux aurores. Elle s'habille d'une robe longue qui lui arrive aux chevilles, et met un foulard sur ses cheveux. Ainsi, on la prendrait pour une vieille femme, et on ne l'embêterait pas... Son petit sac sous le bras, elle descendit jusqu'au rez-de-chaussée et tendit l'oreille. Rien, tout le monde dort à poings fermés, et même le berger allemand dans la grande cour n'avait pas bougé à son passage... Elle ouvrit la grande grille, et sortit de la villa, non sans avoir jeté un dernier coup d'œil de regrets... Elle se met ensuite à marcher d'un pas rapide. De plus en plus rapide... Où ira-t-elle ? Elle ne le sait pas encore... Mais il faut marcher... Toujours marcher... Marcher droit devant soi... Elle arrive à la première station de bus, et monte dans le premier fourgon à destination du centre-ville. Une fois en ville, elle verra bien, se dit-elle. Une heure plus tard, elle se retrouve à arpenter les artères d'un grand boulevard. La ville reprenait vie. Les gens commençaient à envahir les rues... Il fait jour, les cafés et les boulangeries sont déjà ouverts. Ferroudja s'achète un croissant tout chaud, puis s'installe pour le manger, dans un jardin public situé quelques mètres plus loin. "Maintenant, ma grande, se dit-elle, il faut penser à toi. Que vas-tu devenir ? Où vas-tu dormir ce soir ?" La pauvre malheureuse avait envie de sangloter à chaudes larmes. Mais quel est donc ce destin qui s'acharne contre elle et qui lui ouvre les portes de la clémence et les referme tout de suite après ? Elle s'essuie les yeux, et remet son foulard qui a glissé... Trop tard... Une jeune fille assise non loin d'elle s'exclame : -Ah les beaux cheveux... Mais pourquoi les caches-tu sous ce foulard... Il sont si beaux... Ferroudja lève les yeux et voit la jeune fille s'approcher d'elle... -Bonjour, moi c'est Farida. -Bonjour, moi c'est Ferroudja... -Tu es Kabyle tout comme moi... -Ah ! dit Ferroudja qui ne savait pas quoi dire à cette fille au visage serein. -Oui, je suis Kabyle... Comment l'as-tu deviné ? -À ton accent pardi ! La jeune fille s'assoit auprès d'elle et se met à lui caresser les cheveux : -Pourquoi les caches-tu ? Il sont si beaux tes cheveux... Ferroudja hausse les épaules d'un air las.... -Et puis, tu es très belle, poursuit la jeune fille...Bien trop belle pour porter cette robe longue qui te fait ressembler à une vieille femme... Un jean's et un tee shirt te mettraient bien plus en valeur... -À quoi cela va-t-il servir ? -Mais à plaire pardi ! -Plaire ? Pourquoi plaire ? La jeune fille est intriguée. -Plaire, c'est tout... Toute les femmes aiment se faire belles... Elles aiment être à leur avantage, attirer les regards -Justement je n'aimerais pas attirer les regards... Farida se lève et se met en face de Ferroudja... -Toi tu n'es pas du tout comme les autres... Je crois que tu as été déçue quelque part... Ton air triste le dit suffisamment... Et comme je suis étudiante en psychologie, je devine aisément ton état d'âme actuel... Une déception amoureuse, non ? Ferroudja fait un signe négatif de la tête. Elle ne veut pas trop étaler sa vie privée, bien qu'elle aurait aimé se confier à quelqu'un... Mais à quoi cela va-t-il servir aussi ? Elle lève les yeux vers la jeune inconnue qui se tenait toujours en face d'elle et qui attendait sa réponse avec un sourire au coin des lèvres. -Je n'ai rien, finit-elle par lâcher... Je viens juste de perdre mon emploi... -Ce n'est que ça ? -Oui, ce n'est que ça... Mais pour moi, c'est le monde qui s'écroule... Je n'ai aucune ressource... Je travaille pour ma famille... Je n'ai personne sur qui compter, même pas un toit où passer la nuit aujourd'hui. (À suivre) Y. H.