Selon lui, davantage de moyens doivent être mis à la disposition des postes consulaires pour les aider à mieux organiser l'opération de délivrance du passeport biométrique. Rachid Haraigue est plein de volonté, mais il n'a pas encore assez de moyens pour réaliser ses objectifs. Depuis son affectation à Vitry-sur-Seine en avril dernier, il s'emploie du mieux qu'il peut à organiser les missions consulaires de son poste, particulièrement l'opération de délivrance du passeport biométrique qui mobilise la quasi-totalité du personnel et concerne environ 200 000 ressortissants algériens résidant dans sa circonscription, une des plus importantes en France. Outre la région parisienne, elle prend en charge également des résidents de régions comme la Bourgogne ou la Nièvre. Il s'agit de cinq départements au total, certains à des heures de route de Vitry-sur-Seine. "Des départements y ont été rattachés depuis la fermeture du consulat de Melun en 1995", explique Rachid Haraigue avec pour conséquence de saturer davantage les locaux sis à l'avenue Salvador-Allendé. Le consul assure avoir trouvé "une situation dramatique" à son arrivée. Affirmant ne vouloir "jeter la pierre à personne", il pense néanmoins qu'"il y a des efforts supplémentaires à faire" pour améliorer la qualité des prestations consulaires et faire baisser la pression dans la prise en charge des demandes du passeport biométrique. "À Alger, on est bien conscient de la situation", révèle le consul, en évoquant la dernière réunion tenue à l'ambassade d'Algérie à Paris à la fin septembre, en présence de tous les consuls de France et où chacun a parlé ouvertement des problèmes auxquels il est confronté. À Vitry-sur-Seine, les contraintes sont nombreuses et font obstacle, selon M. Haraigue, à la délivrance d'une bonne qualité de service. Il met en exergue en priorité l'inadaptation des bâtiments. "J'ai procédé à quelques réaménagements. Mais cela ne suffit pas. Tant que je serai ici, il est impossible de changer l'organisation", déplore le consul. Pour y remédier, il vient de signer un contrat pour l'achat de nouveaux locaux à Créteil, dans le Val-de-Marne, qu'il espère occuper durant le premier trimestre 2016. Afin de les optimiser, il faut cependant recruter du personnel. Ce qui n'est pas à l'ordre du jour compte tenu de la politique d'austérité engagée par le gouvernement. "La création de postes budgétaires est impossible actuellement", précise notre interlocuteur, qui doit se contenter de vacataires pour renforcer son équipe. Une soixantaine d'agents au total travaillent au consulat de Vitry. Les préposés aux guichets voient défiler chaque jour plus d'un millier de personnes. Le compte rendu de la journée du 31 octobre par exemple fait état de 1445 tickets distribués, de 331 dossiers de passeport déposés et de 535 autres délivrés. "Nous recevons des colis de passeports deux fois par semaine d'Algérie", assure M. Haraigue, en évoquant une grande accélération de la cadence dans l'opération du biométrique. Pour autant, rien n'est encore gagné. Selon lui, il reste encore une moitié de nouveaux passeports à fournir, soit à peu près 100 000. "Il nous est arrivé de travailler jusqu'à 21h", dit-il, affirmant avoir mis tous ses employés à contribution, y compris sa secrétaire qui prend les rendez-vous au téléphone. Actuellement, les délais d'attente pour le dépôt des dossiers peuvent s'étaler sur trois mois, soit bien au-delà de la date d'expiration des passeports ordinaires fixée pour le 28 novembre. Jusqu'à décembre, les Algériens de France pourront se rendre au pays, munis de leur carte nationale d'identité. Mais que feront-ils après ? Rassurant, Rachid Haraigue évoque sans les préciser "des solutions de rechange" acceptées sur le plan international et qui seront proposées à titre exceptionnel aux personnes qui doivent aller en Algérie impérativement. S. L-K.