"Les événements ont vite pris une tournure (joutes verbales, invectives, déclarations intempestives de toutes parts, arguments et revendications partisanes) qui ne nous ressemble pas et à laquelle nous ne voulons pas être associés. C'est pourquoi nous ne pouvons plus appartenir à cette démarche", expliquent-ils. On ignore s'ils ont été soumis à des pressions ou s'ils réalisent que la démarche a dévié de ses objectifs : trois signataires parmi le groupe des "19" qui ont adressé une lettre au président de la République, ont décidé de se retirer, selon un texte repris hier par l'agence officielle, APS. Zehira Yahi, Samia Zennadi et Rachid Hadj-Naceur expliquent leur geste par la "tournure prise par les événements". "Les événements ont vite pris une tournure (joutes verbales, invectives, déclarations intempestives de toutes parts, arguments et revendications partisanes) qui ne nous ressemble pas et à laquelle nous ne voulons pas être associés. C'est pourquoi nous ne pouvons plus appartenir à cette démarche", expliquent-ils. En décodé : ils semblent reprocher à certains de leurs cosignataires des déclarations publiées par la presse. L'accusation semble viser particulièrement, l'ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi qui, dès vendredi dernier, jour de la conférence durant laquelle la lettre a été rendue publique, n'a pas cessé de s'exprimer sur les motivations de leur démarche à travers plusieurs supports médiatiques. À telle enseigne, qu'elle a éclipsé tous les autres apparaissant comme presque la porte-parole du "groupe". Et c'est parce qu'elle a occupé des responsabilités pendant plus d'une décennie que ses sorties répétées semblent avoir été considérées comme intéressées. Ces trois signataires se disent avoir fait "montre d'une naïveté politique", mais refusent qu'on les accuse, comme tente de l'accréditer un journal qualifié par Khalida Toumi de mercenaire, "d'avoir été manipulés". "Il n'y a eu ni manipulation ni contrainte, mais nous avons fait montre de naïveté politique et de précipitation", disent-ils. Ils suggèrent que c'est la présence de figures de la Révolution dans la démarche qui les a poussés à signer la lettre. "Ne pouvant pas demeurer insensibles à une démarche citoyenne à laquelle s'associent des personnalités historiques aussi illustres que Zohra Drif, Mustapha Fettal et Abdelkader Guerroudj, nous avons pris de notre propre chef la décision d'apposer nos signatures au bas de la lettre adressée à Monsieur le président de la République." Comme pour répondre à Amar Saâdani, ces trois signataires soutiennent qu'elle est loin d'eux l'idée de s'octroyer le titre de "personnalités". "Nous ne sommes pas des ‘personnalités', c'est la presse qui nous a attribué ce qualificatif", conclut le texte. Même si cette défection inattendue de ces trois signataires n'aura pas d'incidences particulières sur la démarche au regard de la "présence de poids lourds", comme Mme Zhor Bitat, Abdelkader Guerroudj, Louisa Hanoune ou encore Rachid Boudjedra, pour ne citer que ces personnages, il n'en demeure pas moins qu'elle risque de la parasiter. D'autant qu'elle sera inévitablement exploitée par les défenseurs de "l'ordre établi". La réunion prévue théoriquement ce week-end par les initiateurs nous renseignera sur la suite qu'ils entendent donner à leur démarche. K.K.