Cette rumeur est de nature à affoler une opinion nationale qui craindrait légitimement davantage de détérioration d'une situation politique déjà grandement délétère. Sclérose. La communication institutionnelle, mise à l'épreuve de deux faits successifs survenus au courant cette première quinzaine de novembre : une demande d'audience au chef de l'Etat signée par dix-neuf personnalités, devenues désormais seize, après le retrait de trois signataires, et une propagation de la rumeur sur l'hospitalisation du Président en France, montre, une fois de plus, une grave carence. La présidence de la République n'a toujours pas délivré de réponse officielle à la demande d'audience au président Bouteflika, les réactions des chefs de partis, Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia, ne pouvant être considérées comme telle, tant est que ces derniers ne sont pas des porte-paroles officiels de l'institution. D'ailleurs, même Abdelmalek Sellal, qui a réagi lui aussi à la démarche des "dix-neuf" depuis la wilaya de Blida où il était en visite de travail, n'en est pas un, tout Premier ministre qu'il est. La même institution, concernée plus que toute autre, faut-il le rappeler, n'a également pas jugé nécessaire ni opportun de réagir à la rumeur qui court depuis mercredi dernier au sujet de l'admission, de nouveau, du président de la République dans un hôpital de l'Hexagone, plus exactement à la clinique mutualiste de Grenoble où il avait déjà séjourné en novembre 2014 pour un contrôle médical. Cette rumeur, ajoutée à la confusion générée par la sortie des "dix-neuf" qui a suggéré que Bouteflika ne détiendrait plus les rênes du pouvoir et qu'il serait même frappé d'une sorte de "quarantaine" politique, est de nature à affoler une opinion nationale qui craindrait légitimement davantage de détérioration d'une situation politique déjà grandement délétère. Sous d'autres cieux, pareil enchevêtrement entre une détonante sortie politique et une rumeur sur la santé du chef de l'Etat aurait suscité une prompte réaction des institutions concernées ou de celles habilitées à communiquer. Force est de noter que cette règle, qui relève aussi de l'obligation constitutionnelle, n'est pas de mise chez nous. La présidence de la République ne s'est rendue à aucun effort de communication, alors qu'elle s'en trouve doublement interpellée. Elle est, en tout cas, plus interpellée que l'est la clinique grenobloise dont la direction a publié, hier, en début de soirée, un communiqué à travers lequel elle a démenti l'assertion autour de l'hospitalisation de Bouteflika. En effet, selon le journal Le Dauphiné Libéré, dont une équipe a fait le pied de grue durant la journée d'hier pour tenter de vérifier l'information publiée mercredi par le site Impact 24, la direction du groupe hospitalier mutualiste a démenti que le chef de l'Etat algérien y soit admis. Il y a lieu de rappeler que la présidence de la République n'avait pas également communiqué sur le précédent séjour médical de Bouteflika dans cette même clinique. Un séjour révélé par Le Dauphiné Libéré. Depuis sa réélection pour un 4e mandat présidentiel d'affilée en avril 2014, le président Bouteflika ne s'est pas adressé directement au peuple. Il communique par communiqués diffusés par l'agence de presse officielle APS, ou lus par ses conseillers à l'occasion de célébrations et de commémorations de dates ou nationales. Les audiences qu'il donne tous azimuts aux personnalités en visite en Algérie servent aussi à entretenir l'image d'un Président qui a toutes ses capacités et sa lucidité pour honorer ses charges. Ce sur quoi doute y compris l'une de ses proches amis, Mme Zohra Drif-Bitat, cosignataire avec d'autres personnalités d'une demande d'audience pour s'en assurer. S. A. I.