Résumé : De retour du bled, Ferroudja renoue avec son train-train quotidien. Le travail reprend au salon, et elle revoit Lla Meriem et Anissa. Cette dernière l'invitera pour son anniversaire. Ferroudja n'avait jamais fêté le sien. Elle considère que les années passaient trop vite. Lla Meriem secoue la tête -Tu parles comme une vieille femme Ferroudja. Certes, la jeunesse n'est pas éternelle, mais il faut savoir profiter de ses meilleures années. Tu devrais aussi penser un peu à ton avenir ma fille. Tu devrais penser à fonder un foyer et à avoir des enfants. -Avant de faire de tels projets, je devrais plutôt penser à trouver un meilleur job et surtout un toit bien plus confortable que ce salon de coiffure où je passe mes nuits. Lla Meriem lui jette un regard plein de reproches ! - Ferroudja, tu sais bien que tu peux revenir chez moi quand tu voudras. Ta pièce est toujours disponible. -Je sais Lla Meriem et je t'en serai éternellement reconnaissante. Mais après ce qui s'est passé, je n'oserai plus regarder ni Djamel, ni Wahib, ni même El-hadj de la même manière. Je n'aimerais surtout pas provoquer d'autres remous dans la famille. -Voyons Ferroudja, tout cela fait partie d'un passé enterré. L'incident dont tu parles a eu lieu il y a plus de trois ans. -Oui, je sais Lla Meriem. Cependant, excuse-moi, mais je ressens encore certaines réticences à l'égard des garçons. Lalla Meriem dépose des assiettes à gâteaux sur la grande table de cuisine, et Ferroudja se met à les essuyer une à une, avant de les remplir de différentes sucreries livrées le matin même par un pâtissier. - C'est comme tu veux. Ferroudja, tu es bien plus mûre maintenant pour prendre des décisions. Mais tu peux toujours compter sur mon aide. Je ne vais pas te lâcher, et ma porte te sera toujours ouverte. Emue, la jeune fille embrasse sa bienfaitrice. Les yeux mouillés, elle se dirige vers le jardin pour dresser les tables et y déposer les mets prévus pour la soirée. Nassila vint lui présenter son mari. Ce dernier la salua poliment avant de lancer : - Ferroudja, tu vois que je me rappelle de ton prénom. Je sais aussi que tu travailles dans un salon de coiffure en ville. -Comment le savez-vous ? C'est sûrement Lla Meriem qui vous l'a dit ou Anissa. - Non, tu n'y es pas. Je connais plutôt la patronne qui était une bonne amie à ma défunte mère. C'est elle qui m'a parlé de toi et m'a fait tes éloges. Je reconnais qu'elle ne s'est pas trompée. Nassila aussi ne cesse de rajouter son grain de sel pour te complémenter. -Rejoins-nous donc, lance Nassila en s'éloignant au bras de son mari. Ne reste pas tout le temps dans la cuisine Ferroudja. Tu sais bien que nous te considérons tous comme un membre de la famille. Djamel et Wahib vinrent aussi saluer Ferroudja avant de s'éclipser. Leur mère a dû les prévenir, et les mettre en garde contre tout "dérapage", se dit Ferroudja qui était occupée à remettre de l'ordre dans le jardin après le départ tardif de tous les invités. Exceptionnellement ce soir-là, elle consentit à passer la nuit chez ses anciens maîtres, mais quitta la maison dès les premières heures de la matinée. Alors qu'elle se dirigeait vers la station de bus, un véhicule s'arrêtera à son niveau : -Hé ! Toi. Je te reconnais. Tu es la fille que j'ai rencontrée dans un fast-food. Il y a bien longtemps. Je pensais ne jamais plus te revoir. Ferroudja se retourne et reconnut l'homme qui s'adressait à elle. Comment pouvait-elle donc l'oublier ? Ce n'était autre que Lyès, l'homme qui lui avait remis sa carte de visite. Cette carte qu'elle gardait encore précieusement dans ses affaires. Elle ne pensait plus le revoir ! -Où te rends-tu comme ça de bon matin ? Tu travailles ? -Oui, s'entendit-elle répondre. -Allez, monte, je te dépose à ton boulot. Ferroudja hésite un moment, puis se dit qu'une fois n'était pas coutume. Elle avait tellement rêvé de revoir cet homme, que maintenant que le rêve se réalisait elle ne pouvait pas le refuser. Il lui ouvre la portière et monte à côté de lui. Une musique douce était diffusée par la radio, et un parfum de pin se dégageait du véhicule flambant neuf. (À suivre) Y. H.