Dans sa résolution, le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné que "le Front al-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associées à Al-Qaïda constituent une menace contre la paix et la sécurité internationales". Le Conseil de sécurité a répondu favorablement, vendredi soir, à la demande de la France de combattre le terrorisme islamiste, notamment en Syrie et en Irak, une semaine après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts et plus de 300 blessés. Réunis en session extraordinaire, les membres du Conseil de sécurité ont adopté à l'unanimité une résolution "demandant aux Etats membres de prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre Daech", l'organisation terroristes autoproclamée Etat islamique en Irak et en Syrie, également connue sous l'appellation de l'Etat islamique d'Iraq et du Levant (EIIL). Tout en "réaffirmant son respect pour la souveraineté, l'intégrité territoriale, l'indépendance et l'unité de tous les Etats conformément aux buts et principes consacrés dans la Charte des Nations unies", le Conseil de sécurité a souligné la nécessité de lutter contre Daech, mais également tous les mouvements terroristes, citant particulièrement le Front al-Nosra et la branche syrienne d'Al-Qaïda en Syrie. Les éléments du Front al-Nosra avaient bénéficié, via d'autres circuits, d'une importante aide financière et logistique de la part de certains Etats dans la région du Proche-Orient, connus pour leur soutien à l'idéologie terroriste islamiste. L'Arabie saoudite et le Qatar sont en tête de liste des régimes qui ont soutenu (et qui continuent de le faire) cette opposition syrienne, dite modérée et regroupant des mouvements terroristes, contre le régime de Bachar al-Assad. Considérés au départ comme des islamistes modérés, le Front al-Nosra et d'autres groupuscules islamistes sont aujourd'hui classés parmi les cibles de la lutte antiterroriste. "Rappelant que le Front al-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaïda constituent également une menace contre la paix et la sécurité internationales", le Conseil de sécurité de l'ONU est allé donc droit au but, en s'adressant directement aux Etats qui ont les moyens de faire face à la menace terroriste, en Irak et en Syrie, mais aussi dans les pays "qui sont loin des zones de conflit", lit-on dans le texte rendu public hier. Le texte onusien "engage les Etats membres à intensifier leurs efforts pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers qui se rendent en Iraq et en Syrie et empêcher et éliminer le financement du terrorisme". Si la communauté internationale se montre déterminée à "combattre par tous les moyens cette menace d'une gravité sans précédent", le vote d'un tel texte ne risquerait-il pas de servir de couverture pour une intervention étrangère au sol en Syrie ? Jusque-là, la Russie, un des alliés du régime de Damas avec l'Iran et le Hezbollah libanais, a opposé son veto à tous les projets de résolutions appelant à une intervention étrangère en Syrie. Cette fois-ci, Moscou a voté pour le texte et en faveur de la demande française de combattre Daech et les autres mouvements terroristes. Car, Vladimir Poutine espère bien que cette lutte se fasse en coordination avec ses rivaux occidentaux, qui ont également pour objectif de déloger Bachar al-Assad, bien que cela ne soit plus leur priorité aujourd'hui. Dans sa résolution, l'ONU a demandé, en effet, aux pays membres "de redoubler d'efforts et de coordonner leur action en vue de prévenir et de mettre un terme aux actes de terrorisme commis en particulier par l'EIIL". L'épisode de l'intervention occidentale en Afghanistan en 2001, puis en Irak en 2003 et en Libye en 2011 a démontré les limites d'une telle option et fourni surtout la preuve du désastre provoqué par l'ingérence militaire étrangère dans ces pays. Mais tout peut arriver dans les semaines et mois à venir. Il est tout aussi important de souligner que le vote d'une telle résolution pourrait bien être le prélude d'une intervention étrangère en Libye, qualifiée de nouveau sanctuaire pour Daech. Les autorités irakiennes ont d'ailleurs attiré l'attention de la communauté internationale à ce propos, dans un récent courrier adressé à l'ONU. "Daech a établi un sanctuaire hors des frontières irakiennes", ont averti les autorités de Bagdad dans "des lettres datées des 25 juin et 20 septembre 2014". La branche libyenne de l'Etat islamique a affirmé, il y a moins de deux semaines, avoir pris le contrôle de la totalité de la ville balnéaire Syrte. L'organisation terroriste cherche également à étendre son influence à Banghazi (est) et à Tripoli (ouest), où elle mène depuis des mois de nombreuses attaques avortées pour s'y implanter. L.M.