Dans l'après-midi de vendredi, pas mal de monde s'est déplacé au Théâtre régional d'Annaba, pour assister à la projection du film palestinien Dégradé, de Tarzan et Arab Nasser. À la surprise générale, le long-métrage a été déprogrammé et remplacé par 18 fugitives d'Amer Shomali et Paul Cowan (Palestine, Canada, France). Entrant dans le cadre de la compétition officielle, ce documentaire-fiction réalisé en 2015, est d'une grande originalité. Amer Shomli (voix off), retourne à Beit Sahour (banlieue de Bethleem), pour partir à la rencontre d'anciens activistes de l'Intifada. Ces hommes ont narré une histoire improbable de 18 vaches recherchées par les militaires israéliens. Tout a commencé quand les habitants de ce village ont décidé de boycotter les produits israéliens, alors, ils ont acheté 18 vaches pour produire du lait "local". Suite à cet investissement, les choses ont commencé à changer et à évoluer. "Nous ne sommes plus sous leur emprise (Israéliens). Ils contrôlent tout, sauf l'air qu'on respire". Cette résistance peu commune a été racontée avec beaucoup d'humour. Le réalisateur a jonglé entre des images d'archives, des interviews, de l'animation (BD) et des personnages en pâte à modeler. Cette idée a donné un côté très artistique qui a fait voyager à travers le temps, et a même fait oublier le genre documentaire, ça ressemblait plus à une fable pour enfants. La chose la plus surprenante dans cette histoire, quand les autorités israéliennes ont eu vent de l'existence de ces vaches, toute une armada de militaires s'est mise à leur poursuite. Les activistes ont transporté ces bêtes d'un endroit à un autre pour les protéger de leurs assaillants. Le plus marrant, ces vaches étaient recherchées comme des criminelles et elles étaient considérées comme "dangereuses pour l'Etat israélien". Le ministre de la Défense avait indiqué que "ces vaches portent atteinte à la sécurité de l'Etat". Cette histoire de production de lait a mené par la suite à une autre forme de désobéissance civile, notamment la grève des impôts. H. M.