L'islamiste Abou Moussab Al-Zarqaoui, chef d'Al-Qaïda en Irak, a déclaré “une guerre farouche” aux élections dans ce pays, destinées, selon lui, à donner le pouvoir aux chiites, dans un enregistrement audio qui lui est attribué et mis en ligne hier, à une semaine du scrutin. Les élections du 30 janvier sont “un piège abominable, destiné à assurer aux Rafidha (appellation péjorative des chiites) le contrôle des rouages du pouvoir” en Irak et “nous avons déclaré une guerre farouche à ce processus ignoble”, a annoncé la voix attribuée à Zarqaoui dans le message diffusé sur des sites internet islamistes. L'auteur du message, dont l'authenticité ne peut être établie dans l'immédiat, assure que “quatre millions de Rafidha ont été amenés d'Iran pour participer aux élections afin de réaliser leur objectif, qui consiste à contrôler la majorité des sièges à l'Assemblée” nationale transitoire. Le groupe de Zarqaoui, ennemi numéro un des Etats-Unis en Irak, est responsable de nombreux attentats meurtriers, destinés à entraver le déroulement du scrutin du 30 janvier, marquant les premières élections multipartites depuis un demi-siècle en Irak. Les chiites, majoritaires en Irak, sont donnés favoris de ces élections, boycottées par la majorité des groupes sunnites, qui contrôlaient le pouvoir sous le régime de Saddam Hussein, renversé en avril 2003. Dans son nouveau message de quarante-cinq minutes, intitulé “Démocratie”, le chef d'Al-Qaïda en Irak s'en prend aux élections qui constituent, selon lui, “une grande farce américaine”. Il rejette totalement le processus démocratique promis en Irak contraire, selon lui, à la charia, la loi islamique, qualifiant d'“hérésie” le principe du “pouvoir du peuple par le peuple”. Il laisse planer la menace de frapper “tous ceux qui, par leur aide ou leur assistance, s'impliquent dans ce processus”, qui sera lancé par le scrutin du 30 janvier. “Leur sort est similaire à celui de ceux qui appellent (aux élections)”, dit-il. Zarqaoui a été désigné en décembre dernier par le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, comme “émir” de “l'Organisation d'Al-Qaïda au pays du Rafidaïn” (la Mésopotamie) à qui il faut obéir. Les Etats-Unis avaient accusé Zarqaoui de chercher à provoquer une guerre civile entre chiites et sunnites. Par ailleurs, douze Irakiens ont été tués et plusieurs autres blessés dans la nuit de samedi à dimanche dans l'incendie de l'hôpital général de Nassiriyah (Sud), a indiqué la police irakienne. Des employés de l'hôpital et des malades figurent parmi les victimes de l'incendie, a précisé la même source, ajoutant que la propagation du feu a détruit les six étages de l'hôpital et tous les équipements qui s'y trouvaient. Hier, six Irakiens, dont une mère et sa fillette, ont été tués dans des attaques au nord de Bagdad, a indiqué la police. “Trois enseignants de la Faculté du pétrole ont été tués par l'explosion d'une bombe artisanale alors qu'ils entraient dans le bâtiment, situé dans le nord de Baïji”, a indiqué le lieutenant-colonel, Hassan Salah, de la police de cette ville, située à deux cents kilomètres au nord de Bagdad. R. I. A.