Résumé : Salima était préoccupée par le sort de sa sœur. Que deviendra-t-elle lorsqu'elle ne sera plus là ? Elle venait de sortir d'un profond brouillard, mais ses crises d'angoisse n'avaient pas totalement disparu. Ce soir, elle était plus que surprise de savoir qu'elle avait un petit ami. Enfin le ciel se dégage. Mais les remous du passé n'étaient pas totalement oubliés. Il était environ 18h lorsque Nawel prend congé de la rédaction. Elle descend au parking et remarque tout de suite le véhicule de Nabil. Le sien était garé plus loin. Elle pourra le récupérer à leur retour de cette promenade au bord de la mer. Elle sent son cœur palpiter à cette pensée. Une soirée au bord de la mer avec un homme qu'elle apprécie ! Elle l'apprécie, sans plus. Elle ne veut pas s'avouer un autre sentiment. Tout en elle vibre pourtant. Elle est sur le point de tomber amoureuse. Non. Jamais plus elle ne se laissera dominer par les sentiments. Comme pour se rassurer, elle met la main sur son cœur et sent ses battements. Plus jamais elle ne va le faire souffrir. Plus jamais. Elle était arrivée à la hauteur du véhicule de Nabil, et ce dernier qui fumait une cigarette non loin de là accourt vers elle. -Je pensais que tu avais oublié notre rendez-vous. . Elle sourit : - Non. J'étais dépassée à la rédaction. Avant chaque bouclage, c'est une véritable ruche d'abeilles qui s'érige. On doit tout contrôler, corriger et signer avant de transmettre au tirage. Il lui ouvre la portière avant et l'invite à monter dans son véhicule. Il avait voulu la saluer plus chaleureusement. L'embrasser ou lui caresser les cheveux. Mais il s'était retenu devant le regard sans expression de cette femme qui le rendait vulnérable. Elle-même l'était d'ailleurs. Il le ressentait et cela le faisait souffrir. Il voulait tant la voir sauter, courir, rire et s'amuser comme une fillette. Mais elle était là avec le fardeau de ses malheurs sur le dos. Il prend place au volant et démarre. Un silence s'installe entre eux. Il tente d'engager la conversation. -Tu sors souvent le soir ? Elle secoue la tête : -Pas du tout. -Tu n'aimes pas sortir ? -Auparavant, si. J'adorais sortir avec des amis, dîner au restaurant, me rendre dans des fêtes. Puis les lampions se sont éteints. Je ne voyais plus rien. Lorsque tu m'avais invitée à dîner, j'ai cru que je n'allais pas tenir le coup. Et c'était presque le cas. -Non. Tu as tenu le coup. Et même très bien. Tu es bien plus forte que tu ne le penses Nawel. -Je n'arrive pas encore à dominer mes émotions. -Cela va venir. Avec un peu de volonté, on arrive à bout de toutes les réticences. -Oui. C'est ce qu'on dit. -Et pour hier, comment cela s'était-il passé ? -Tu veux parler du dîner avec ma sœur et mon beau-frère ? -Tout à fait. -Eh bien, disons plutôt bien. -Sauf que le mariage de ta sœur te rend triste. -Un peu, oui. Tu as raison. J'étais un peu secouée par cette décision hâtive. -Depuis combien d'années sont-ils fiancés ? -Bientôt deux années. -Ne crois-tu pas qu'il est grand temps pour eux de se caser ? Elle ne répond pas tout de suite. Il comprend son désarroi et n'insiste pas. Mais au bout de deux minutes, elle lance d'une petite voix : -Tu dis vrai. Je ne suis qu'une égoïste. Il dépasse un camion, puis se rabat sur la droite avant de répondre : -Ne parle pas d'égoïsme, veux-tu ? Nous le sommes tous un peu. L'être humain est égocentrique par nature. -Mais je n'ai pas le droit d'en vouloir à ma sœur. Elle doit faire sa vie. -Tu ne lui en veux pas. Tu penses tout simplement que si elle quitte la maison, tu ne trouveras plus personne sur qui compter. -C'est un peu ça. C'est donc de l'égoïsme ! Il secoue la tête. Plus entêtée qu'elle ne doit pas exister sur terre. Elle remarque son geste et sourit : -Tu penses que je suis têtue, n'est-ce pas ? -Oui. Bien têtue. Mais tu changeras. Avec le temps tout change. Tu verras, il suffira de quelques jours pour que tout rentre dans l'ordre. (À suivre) Y. H.