Résumé : Nabil avait tenté de joindre Nawel. En vain. Cette dernière semble avoir éteint son portable. Il repense à elle. Elle occupait ses pensées et il se rend compte qu'elle le subjugue et lui manque. Il se remémore son passé et son mariage raté. Heureusement qu'il avait ses enfants. Il a dû parfois user de toute son autorité pour leur faire sentir qu'il était leur père, qu'il avait des droits sur eux, et qu'ils devraient l'écouter et suivre ses conseils. Avec le temps, tout avait fini par rentrer dans l'ordre. Les bons résultats scolaires étaient la plus belle récompense à ses efforts pour les élever et assurer leur avenir. Afin de les motiver et de les inciter à aller de l'avant, il leur offrait des cadeaux, les emmenait en voyage et programmait leurs vacances. Il les avait aussi inscrits dans plusieurs clubs sportifs, et Malia prenait des cours de musique dans un conservatoire. Elle jouait du violon et chantait l'andalou. Il sourit à l'évocation de la fête de fin d'année donnée dans son école. Elle avait brillé par sa belle voix, et les applaudissements ininterrompus de l'assistance lui avait réchauffé le cœur. Nazim par contre était un grand sportif et surtout un adepte de la natation. Nabil sourit : ses enfants grandissaient. Et lui ? Ses tempes grisonnantes ne passaient plus inaperçues. Il prenait de l'âge. Il vieillissait. Pour le moment, son corps était encore vigoureux, et hormis quelques rides d'expression, son visage n'avait pas encore subi les affres du temps. Il plaisait encore à la gent féminine et ne passait jamais inaperçu lorsqu'il était dans la rue. Mais... Hélas ! Il était seul ! Sa voiture était garée non loin du bureau. Ses pas résonnèrent sur l'asphalte brillant de pluie. Il remonte le col de son manteau et s'empresse de monter dans son véhicule. Nawel traverse encore ses pensées. Va-t-il la rappeler ? Il met le contact et démarre. Il habitait un appartement non loin de la ville. Un appartement qu'il avait acheté voici quelques années. Il avait cru vivre le bonheur éternel avec sa première femme. Le mirage de la vie. On pense toujours ainsi lorsqu'on rencontre le premier amour. Pourquoi cela ne durait-il jamais ? Nawel avait-elle essuyé un échec aussi cuisant que le sien ? Il avait cru comprendre qu'elle avait connu une déception sentimentale dans le passé. Avait-elle donné son cœur à quelqu'un qui ne le méritait pas ? Est-ce pour cela qu'elle avait touché le fond et vécu l'enfer de ces crises d'angoisse qui la taraudaient encore ? Il repense à leur dîner de la veille, et à cet air apeuré et mélancolique qu'elle avait affiché. Il avait cru qu'elle allait flancher. Mais elle était bien plus forte qu'il ne l'avait cru et elle avait rapidement repris pied. Elle était magnifique ! Même angoissée et triste, elle avait gardé toute sa prestance. Elle lui avait paru un peu stressée lorsqu'il lui avait parlé ce matin. Elle appréhendait encore l'avenir, à n'en pas douter. Cette femme avait besoin d'un homme pour la protéger et lui redonner confiance. Peut-être ne le savait-elle pas ? Ou bien craignait-elle encore un autre coup du destin ? Il était arrivé chez lui. L'appartement spacieux et assez coquet n'était cependant pas gai. Il manquait une présence, se dit-il. La présence d'une femme qui va le remplir de discussion, de rire et d'amour. Il pousse un soupir et se dirige vers sa chambre. Il laisse tomber ses journaux et les clefs de son véhicule sur une commode, allume la télé et s'allonge tout habillé sur le lit. Nawel ferme les yeux un moment. Allongée dans le noir de sa chambre, elle repense à son dîner et au mariage imminent de sa sœur. Elle savait que Salima n'allait pas fermer l'œil de la nuit. Elle aussi ne la quittait pas de gaîté de cœur. Mais c'est ainsi. Chacun doit assumer ses responsabilités. Sa jeune sœur ne va tout de même pas demeurer éternellement auprès d'elle. Elle soupire et regarde l'heure. Il était minuit passé. Elle n'avait pas voulu rappeler Nabil à son retour à la maison, et ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Elle ressentait comme un vide en elle. Pourquoi ? Ils ne se connaissaient pas encore assez, et pourtant elle aimait ses discussions et son assurance. Dans la journée, elle avait maintes fois repensé à lui et s'était promis de l'appeler dès qu'elle aurait un moment. Et tout à l'heure au restaurant, elle avait rejeté son appel, parce qu'elle était gênée devant son beau-frère et sa sœur. Mais elle avait compris au regard de Salima qu'elle soupçonnait quelque chose. Elle prend son portable et n'hésite plus à appeler Nabil. La sonnerie retentit trois fois, avant qu'il ne décroche : -Allô Nawel ! Tu ne dors pas encore ? -Non, et toi ? -Je suis rompu de fatigue, mais le sommeil me fuit. Je pensais à toi. Elle sourit en se traitant de folle et d'inconsciente : -Tu pensais à quoi ? -À toi. -Oui, je l'ai compris, mais à quoi penses-tu lorsque tu penses à moi ? Il rit : - Quel jeu de mots ! Je pensais à notre rencontre fortuite sur la plage et à cette relation qu'on vient de tisser entre nous. -Hum... Et quelle est ta conclusion sur tout ça ? (À suivre) Y. H.