Avant de devenir un parti politique, Nidaa Tounes était une coalition de mouvements issus de la gauche et des organisations civiles qui avaient pour seul objectif de sauver la "révolution du Jasmin" et empêcher la Tunisie de sombrer dans l'obscurantisme islamiste. C'est officiel. Mohsen Marzouk, ainsi que plusieurs cadres du parti au pouvoir, ont annoncé, hier après-midi, leur départ dans un communiqué rendu public, à l'issue de deux jours de rencontre avec leurs sympathisants à Hammamet, la cité touristique distante de 68 km au sud de la capitale Tunis. Le désormais ex-secrétaire général du parti, dont est issu le président tunisien Béji Caïd Essebsi, compte créer un nouveau parti qui prendrait, selon certaines informations, la dénomination de "Binaa Tounes". D'autres noms ont également circulé concernant ce nouveau parti, dont "Al wataniyoun al ahrar" ou "Fidaa Tounes", a rapporté la presse locale. Dans leur communiqué final, les participants au conclave de Hammamet ont clairement affirmé que leur démarche a été dictée par leur "foi en la nécessité de poursuivre le projet national de réforme et de modernisation, base sur laquelle a été créé Nidaa Tounes". Les cadres démissionnaires, dont au moins 31 députés, ont également affirmé que "la nécessité de faire barrage à la démarche anti-démocratique qui s'appuie sur l'exclusion et le favoritisme pour nommer les responsables" au sein du parti et qui vise "à dévier Nidaa Tounes du projet moderniste, sur lequel il est bâti, nous pousse à démissionner de toutes les instances du parti qui sont derrière la crise actuelle". Les rédacteurs du communiqué ont expliqué que le futur parti aura pour projet "la reconstruction du projet national initial qui était en adéquation avec la pensée bourguibiste (en référence à l'ancien président Habib Bourguiba, ndlr), avec une participation directe de la base", lit-on encore dans le texte en question. Des commissions nationales et régionales seront mises en place, a ajouté le communiqué, pour préparer le congrès constitutif du futur parti qui sera certainement présidé par Mohsen Marzouk. Le congrès constitutif aura lieu les 9 et 10 janvier 2016, soit les mêmes jours que le prochain congrès de Nidaa Tounes qui vient, lui aussi, de mettre en place les commissions chargées de la préparation de cet important rendez-vous du parti. Pour rappel, Mohsen Marzouk avait déposé sa démission des rangs de Nidaa Tounes, mais la direction de son ancien parti l'a rejetée, ce qui ne l'a pas empêché hier de faire défection officiellement, signe de la persistance de la crise au sein du parti de Béji Caïd Essebsi. Le président tunisien avait vainement tenté d'éviter l'implosion de son parti. Son fils, Hafidh Essebsi, est directement impliqué dans cette crise et il est accusé de vouloir faire main basse sur les structures de Nidaa Tounes. Samedi, Mohsen Marzouk a estimé que son ancien parti était "en état de mort clinique", à l'ouverture de la rencontre de Hammamet, annonçant, à demi-mot, la création d'une nouvelle formation politique. Le départ de Mohsen Marzouk fragilise Nidaa Tounes qui s'était allié au mouvement islamiste Ennahdha, de Rached Ghannouchi, pour former l'actuel gouvernement. L. M.