Plébiscité à la quasi-unanimité à la tête du FCE en novembre 2014, il entre dans le feu de l'action début 2015 avec une série de rencontres avec les ambassadeurs des pays partenaires de l'Algérie et les ministres du gouvernement Sellal. Et sème le doute. Il faut être très puissant pour pouvoir organiser aisément ces entrevues. Ali Haddad ne cache pas alors sa grande proximité avec Saïd Bouteflika, Abdelmalek Sellal le Premier ministre et Abdesselam Bouchouareb, le ministre de l'Industrie et des Mines. Il ne cache pas aussi son désir d'ouvrir les secteurs des télécommunications, de l'énergie, l'espace aérien et maritime. De quoi soulever les réactions des adversaires d'une libéralisation plus poussée de l'économie nationale. Louiza Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs monte alors au créneau par une salve de critiques : "C'est le président des oligarques. Il parle à l'étranger au nom du gouvernement et de la diplomatie algérienne. Ce pays, qui a deux Premiers ministres, l'un officiel et l'autre officieux. L'oligarchie ne tolère pas la démocratie. Elle veut régner en caporalisant la vie politique et en voulant instaurer un ordre totalitaire." Au président du FCE, on lui prête donc des desseins politiques, de s'accaparer de nouveaux marchés dans l'opacité et de vouloir étendre ses "tentacules" à des secteurs auparavant dominés par de grandes entreprises publiques. L'ère de la suspicion s'installe alors en 2015 : "L'Algérie va-t-elle être la proie de ces prétendues oligarques qui vont se répartir entre eux les richesses du pays ?" Lui s'en défend : "Je veux aider au développement du pays." Ses réponses n'arrivent pas à convaincre. Et le nombre de ses détracteurs s'élargit. Habib Yousfi, le président de l'organisation patronale CGEA, lui reproche de dicter ses volontés au gouvernement. Au fil des mois, la déception gagne certains membres du FCE, eux qui croyaient qu'avec Ali Haddad à leur tête, les entraves bureaucratiques au développement de leur affaires allaient cesser. En fait, les capacités de nuisance de la bureaucratie sont restées intactes, malgré le pouvoir prêté au président du FCE. En fait, cette nouvelle situation dresse une injuste ligne de séparation entre les entrepreneurs proches du cercle des décideurs et qui bénéficient facilement de marchés et les professionnels — qui au passage ne sont pas invitées à accompagner le Premier ministre ou le ministre de l'Industrie dans leurs missions à l'étranger — qui comptent sur leur savoir-faire et leur ténacité pour survivre. En somme, ce n'est pas avec un tel climat que le gouvernement Sellal peut réussir à développer l'entrepreneuriat, la création d'entreprises, à accompagner l'essor des entreprises dynamiques . Actions sans lesquelles il est vain de s'attendre une amélioration de la situation économique du pays. K. R.