La Tunisie est donnée comme un exemple de réussite de ce qui est communément appelé "révolution arabe". En récompense, elle a eu le Prix Nobel de la Paix. L'année 2015 aura été l'une des années les plus difficiles pour la Tunisie depuis la chute de l'ancien régime de Zine al-Abidine Ben Ali en 2011. Après avoir achevé avec succès une période de transition assez délicate, les nouvelles autorités se sont retrouvées désarmées face à la montée de la violence terroriste. Ainsi, début mars, alors que le Parlement s'attelait à voter de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité dans le pays, des terroristes se revendiquant de l'organisation autoproclamée Etat islamique ont commis un carnage dans le Musée du Bardo, situé juste en face du siège de l'Assemblée nationale au cœur de la capitale Tunis. Bilan de l'attaque : 22 personnes, dont 21 touristes étrangers et un agent de sécurité, ainsi qu'une quarantaine de blessés. Deux terroristes ont été abattus par la police. Quelques semaines plus tard, un jeune étudiant tunisien, inconnu des services de sécurité, commet un autre carnage. C'était le 26 juin. La saison estivale venait à peine de commencer lorsqu'à Sousse, dans un complexe touristique en bord de mer, ce jeune mitraille au hasard des dizaines de personnes, faisant 38 morts, en majorité des touristes britanniques. 39 autres personnes ont été blessées, poussant ainsi le président Béji Caïd Essebsi à décréter l'état d'urgence de 30 jours, et de le renouveler par la suite pour une durée de 60 jours. En quelques jours, le pays s'est vidé de ses touristes, provoquant un véritable séisme dans le secteur touristique qui représente plus de 7% du PIB et employant plus de 400 000 personnes, sans compter les emplois indirects dépendant de ce secteur. Mais l'attentat de Sousse ne sera pas le dernier pour 2015. Le 24 novembre, un bus de la Garde présidentielle explose au cœur de Tunis, œuvre d'un kamikaze, en faisant 12 morts et une vingtaine de blessés. Béji Caïd Essebsi réinstaure l'état d'urgence pour 30 jours et impose un couvre-feu à travers tout le Grand Tunis. Seule consolation de la Tunisie pour 2015, l'obtention du Prix Nobel de la Paix qui a été attribué par l'Académie suédoise au Quartette qui a réussi à mener à bout le processus de transition, malgré le jeu trouble des islamistes d'Ennahda qui n'attendent que la bonne occasion pour confisquer une liberté politique à laquelle rêvaient les Tunisiens depuis des décennies. L.M.