Pour combattre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique, une intervention internationale en Libye n'est pas à écarter, a indiqué l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU dans des déclarations au quotidien allemand Bild am Sonntag. Selon le diplomate allemand Martin Kobler, cette intervention étrangère pourra se faire dès que les Libyens auront mis en place un gouvernement d'union nationale conformément à l'accord de Skhirat (Maroc). La Libye ne pourra donc pas échapper à un scénario à la syrienne pour venir à bout de la "filiale" de Daech en Libye, qui s'est à nouveau signalée par deux attaques à proximité d'importantes installations pétrolières en Libye, dans les villes d'al-Sedra et de Ras Lanouf. Les combats avec les milices locales et les forces loyales au gouvernement libyen reconnu se poursuivent depuis trois jours. Resterait donc à savoir combien durerait cette intervention et quelles seraient ses conséquences, inévitablement désastreuses, pour ce pays plongé dans le chaos depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi fin 2011. Les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays et de respect de son intégrité territoriale seront, encore une fois, bafoués par les grandes puissances, qui envisagent d'intervenir en Libye pour combattre Daech, si la demande n'émane pas des futures autorités libyennes. Jusque-là, les avis sont partagés sur la question au sein de la classe politique et de la société civiles en Libye. Une majorité se dégage même pour rejeter toute intervention étrangère en Libye et revendique une levée de l'embargo sur les armes, imposé par le Conseil de sécurité de l'ONU. Par ailleurs, Martin Kobler a annoncé qu'une fois la situation sécuritaire stabilisée en Libye, l'Allemagne propose de dépêcher une mission militaire qui se chargera de former les forces de sécurité de ce pays. Pendant ce temps, les blocages persistent pour la formation d'un gouvernement libyen d'union nationale en dépit des pressions exercées par la communauté internationale sur les deux parties en conflit, lesquelles ont posé leurs conditions pour adhérer à ce projet. Dans une lettre publiée au début du mois de janvier, à l'occasion de l'année 2016, Martin Kobler a affirmé qu'en dépit des difficultés vécues par les Libyens en 2015, celle-ci s'est néanmoins achevée par la signature de l'accord politique libyen qui représente une lueur d'espoir. Il a formulé le vœu que l'année 2016 soit l'occasion pour les Libyens de retrouver la paix avec un gouvernement d'union et un seul ensemble d'institutions légitimes. "Il ne fait aucun doute que l'année à venir sera une année d'efforts, mais elle sera également une année de possibilités. Une occasion pour la Libye de retrouver la paix dans l'unité, avec un seul gouvernement d'union et un seul ensemble d'institutions légitimes", a-t-il indiqué. "Le plus important pour le gouvernement d'union nationale est de remédier rapidement à l'insécurité dans le pays afin de permettre à toutes les familles de rentrer chez elles et aux enfants de retourner à l'école", a conclu l'émissaire de l'ONU pour la Libye. En attendant, cela reste au stade des souhaits, car tant que le CGN et le parlement de Tobrouk ne mettront pas tous leurs différends de côté pour discuter de l'essentiel, à savoir la paix en Libye, ce pays restera plongé dans le chaos. Merzak Tigrine