Au nombre de 1200, voire 1500, les milices libyennes intéressent au plus haut point Martin Kobler, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, lequel a établi des contacts avec leurs dirigeants dans l'espoir qu'ils lui facilitent la tâche pour installer le futur gouvernement d'union nationale, comme prévu dans l'accord signé jeudi à Skhirat (Maroc). Cela semble être le principal souci de l'émissaire onusien, qui s'était interrogé après la signature de Tunis : "La question est maintenant de savoir comment faire pour installer le gouvernement à Tripoli." "C'est une question que nous négocions avec des acteurs sécuritaires sur le terrain", avait-il souligné, tout en formulant l'espoir de "parvenir à un accord avec tout le monde -l'armée, la police mais également les milices- pour que le gouvernement puisse revenir à Tripoli". Aujourd'hui, Martin Kobler est en pleine opération de séduction avec les responsables des milices, notamment Fajr Libya, qui a pris le contrôle de la capitale libyenne à l'été 2014. Cette coalition hétéroclite de milices, dont certaines islamistes, avait poussé le gouvernement reconnu par la communauté internationale à se réfugier dans l'est du pays, à Tobrouk. Le diplomate allemand a révélé que le général italien Paolo Serra, en charge des négociations avec les responsables de sécurité à Tripoli, travaille sur ce dossier "depuis quatre ou cinq semaines". Nullement découragé par le rejet de certaines parties libyennes de l'accord de Skhirat, Martin Kobler laisse les portes "grandes ouvertes", car affirmant voir des "signes encourageants" et "de plus en plus de soutien en faveur de l'accord". Brandissant la menace du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (Ei/Daech), il estime que "tout le monde craint l'expansion de l'EI. Pas seulement son expansion vers Ras Lanouf ou Ajdabiya, mais également vers le sud". Il rappelle à souhait que "ce sont les Libyens qui doivent combattre l'EI (...) et c'est pourquoi il est important d'avoir un gouvernement en place", en encourageant toutes les parties libyennes à "adhérer à l'accord politique afin d'endiguer (...) l'influence de l'EI". Il faut croire que sa mission de convaincre les milices ne s'annonce pas de tout repos, d'autant plus que d'autres groupes, classés terroristes à l'instar d'Ansar Charia qui refuse de s'allier avec Fajr Libya pour lutter contre Daech, sans oublier les Moudjahidine de Derna, qui eux combattent ouvertement l'Etat islamique mais qui ont annoncé hier leur rejet de l'accord onusien, préconisant que la solution doit être trouvée entre Libyens. M. T.