Résumé : Nawel voulait offrir une robe de mariée à sa sœur. Elle opte pour une tenue traditionnelle, puis rajoute d'autres accessoires. Salima sera sûrement heureuse de recevoir de tels cadeaux. Elle repense à elle-même. Ses rêves de jeune mariée ont été anéantis... Autour d'elle, de jeunes couples se pavanent. Elle repense à sa petite sœur qui la quittera bientôt. Salima n'en revenait pas. Elle avait ouvert les paquets et poussé des cris de joie devant les nombreux cadeaux... La robe traditionnelle, en particulier, l'avait laissée sans voix. Les larmes aux yeux, elle se jette dans les bras de sa sœur pour la serrer contre elle, la gorge nouée : -Oh Nawel ! Oh ma sœur ! Tu as dépensé une fortune... Je rêvais de porter une robe traditionnelle à mon mariage et ne voilà-t-il pas que tu exauces mon souhait... Nawel lui donne une tape sur le dos : -Cesse donc tes jérémiades ou je vais regretter de t'avoir offert ces cadeaux. Salima se reprend, renifle et s'essuit les yeux et le nez, avant de revenir vers ses paquets : -Tu as un goût exceptionnel. Ces pochettes doivent coûter une fortune. Il y a aussi les chaussures... les éventails... C'est vraiment trop de ta part. Tu as vidé ta tirelire, Nawel. -Mais non... Je n'ai rien vidé. Je voulais juste t'offrir un petit cadeau de mariage. -Un petit cadeau ? Tu rigoles... Je suis comblée... Je n'aurais jamais pu me payer ces objets de luxe. -Mais tu as déjà acheté de belles tenues, et tu t'es fait confectionner de jolies robes de présentation. Salima hoche la tête : -Oui, mais j'ai passé toute l'année à payer les crédits. Je dois même encore quelques arriérés à ma couturière... -Pourquoi ne l'as-tu pas dit ? -Pourquoi ? Je ne voulais pas t'encombrer avec mes préoccupations Nawel, je suis une femme active et je me devais de faire face moi-même à mes dépenses personnelles. -Mais je suis ta sœur aînée ! Je me dois de t'épauler dans toutes tes entreprises. -Tu as déjà beaucoup fait pour nous tous. Tu nous as aidés à faire nos études, tu nous a offert le gîte et le couvert, tu as remis de l'argent à nos parents lorsqu'ils s'étaient rendus à La Mecque... Et maintenant tu m'offres des cadeaux somptueux et tu veux aussi payer ma couturière ! -Et alors... J'aimerais te voir heureuse et sans soucis... Tu le mérites Salima. -Et toi donc ? -Quoi moi ? -Toi aussi tu mérites d'être heureuse... Heu...J'aimerais tant te voir mariée et enfin chez toi, auprès d'un homme qui te mérite et te fera oublier les aléas du passé. Nawel soupire et laisse tomber le foulard qu'elle tenait dans sa main : -Je ne mérite rien Salima. Le destin a tranché pour moi. Tu connais mes circonstances... -Ne recommence pas Nawel. Tu n'es pas la première et tu ne seras pas la dernière à essuyer une déception sentimentale... Le monde est plein de gens malveillants, et personne n'est à l'abri des coups du destin. -Je sais... Mais vois-tu, les blessures du passé ne sont pas encore totalement cicatrisées. -Une raison supplémentaire pour les oublier. Il faut tirer un trait définitif sur le passé Nawel...Jusqu'à quand vas-tu attendre des jours meilleurs si tu ne veux pas oublier tes mauvais souvenirs ? Salima regarde sa sœur... Elle avait repris des couleurs, était bien habillée et soigneusement maquillée, et surtout avait cette lueur dans les yeux qui ne trompait pas. Son regard n'était plus éteint, et tout en elle ne demandait qu'à vivre... Elle se rappelle alors de l'homme qui l'avait ramenée la veille à la maison et ose demander : -Qui est cet homme qui t'avait ramenée hier soir, Nawel ? Comme elle s'attendait à cette question, cette dernière prend une lente inspiration avant de répondre : -Un ami... Juste un ami... -Oui... C'est ce que tu avais dit... Mais qui est-il ? Depuis quand le vois-tu ? -C'est quelqu'un que je rencontrais sur la plage... -Continue... -Euh... Il... Il n'y a rien d'autre Salima, si c'est ce que tu veux savoir... Nous avons discuté...J'ai aimé ses répliques... Il est gentil, intelligent, et très ouvert d'esprit. -Hum... Il ne doit pas être très jeune aussi... -Nous sommes pratiquement de la même génération... -Alors il doit être déjà lié. -Il... il est divorcé... -Ah ! -Il est divorcé depuis cinq années... -Des enfants ? -Oui, deux enfants qui sont pris en charge par sa mère. -Et la leur... ? Elle ne voulait pas d'eux ? (À suivre) Y. H.