Les retards pris dans la mise en œuvre de l'Accord d'Alger, qui a consacré un an d'âpres négociations entre le gouvernement malien et les ex-rebelles du nord du Mali entre juillet 2014 et juin 2015, inquiètent au plus haut point le parrain du dialogue inter-malien : l'ONU. C'est ce qu'a rapporté le site d'information de cette organisation, citant un rapport de Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix, qu'il a présenté lundi soir au membres du Conseil de sécurité de l'ONU réunis à New York pour faire le point sur la situation au Mali. "Le processus a continué de subir d'importants retards au cours des derniers mois. Alors que des progrès ont été réalisés avec la validation de 11 sites de cantonnement et le lancement de la construction de deux d'entre eux au début de ce mois, ainsi qu'avec l'adoption des décrets établissant la Commission d'intégration et la Commission sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion le 29 décembre, il est regrettable qu'il n'y ait eu qu'une seule patrouille mixte à ce jour, le 14 novembre", a déclaré Hervé Ladsous. L'Accord d'Alger prévoit en effet la mise en place de patrouilles mixtes (armée malienne, Coordination des mouvements de l'Azawad et Plateforme d'Alger) pour sécuriser les villes et villages dans le nord du Mali, où le retour des groupes terroristes islamistes pèse lourdement sur la réussite de la mise en œuvre de ce texte. "Le processus de paix naissant au Mali demeure fragile et confronté à des défis de taille. Ces derniers mois ont démontré la détermination des groupes extrémistes à faire échouer le processus de paix", a rappelé M. Ladsous, précisant qu'outre les soldats de la mission onusienne (Minusma) et l'opération Barkhane (armée française), "les groupes armés signataires de l'accord sont également ciblés", lit-on sur le site de l'ONU. Ce pourquoi Hervé Ladsous est revenu à la charge pour réclamer le renforcement des troupes de la Minusma et souligné "l'urgence de la mise en œuvre de l'accord de paix". Car "seule l'opérationnalisation des patrouilles mixtes et du cantonnement peuvent être à même d'inverser la dynamique sécuritaire, même si les racines du conflit sont politiques, et il n'y aura pas de solution pérenne en l'absence des réformes politiques et institutionnelles prévues par l'accord", a-t-il conclu. L. M.