Les inconciliables frères ennemis rebelles du nord Mali, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et la Plateforme (pro-Bamako) se sont enfin mis d'accord pour s'opposer à la démarche du comité de suivi de l'accord de paix et de réconciliation au Mali, signé le 15 mai et 20 juin entre les groupes militaro-politiques du Nord et le gouvernement de Bamako, dans le cadre du dialogue inclusif intermalien d'Alger. Ce rapprochement inattendu est intervenu après un aussi surprenant accord entre le Groupe d'autodéfense des Touareg de l'Imghad et alliés (Gatia) et la CMA pour son retrait de la localité d'Anéfis, à 150 km au sud-ouest de Kidal. Un accord que d'aucuns voient déjà comme une nouvelle alliance de deux adversaires qui se sont affrontés pendant des semaines pour le contrôle de la ville. Les médias maliens rendent responsable le gouvernement de cette évolution en raison de ses hésitations, des lenteurs dans la mise en œuvre de l'accord d'Alger ouvertement dénoncé comme faisant du surplace, l'exclusion des représentants des groupes du Nord dans le gouvernement Modibo Keita remanié et enfin l'inclusion de la CMA qui a tergiversé sur la signature de l'accord de paix dans la Coordination des mouvements prônant l'inclusivité et signataires du 15 mai 2015 qui a entrepris des pourparlers avec à la fois la CMA, la Plateforme et Pierre Buyoya pour mettre en branle le suivi de l'accord. Autre point de discorde l'ordre de priorité entre le cantonnement et le désarmement des rebelles entre ces derniers et le comité de suivi. Pour les deux groupes rebelles, il s'agit d'abord de commencer par le cantonnement avant la démobilisation, le désarmement et la réinsertion (DDR). D'ailleurs, la Minusma a déjà identifié huit sites pour accueillir les éléments armés des groupes du Nord. De son côté, le général Michael Lollesgaard de la Minusma a annoncé pour bientôt la mise en place des patrouilles mixtes armée-groupes armés lors de la troisième réunion de la commission technique de sécurité. De bons signaux appuyés par les décisions prises au siège de l'ONU entre les pays voisins du Mali, l'UA et la déclaration du secrétaire général, Ban Ki-moon pour accélérer le processus de paix à travers la mise en œuvre de l'accord de paix. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, a annoncé, depuis New York, la rentrée des classes à Kidal le 15 octobre après l'avoir reportée. La décision des deux groupes de se retirer du comité de suivi risque cependant de torpiller une nouvelle fois le laborieux processus de paix. À moins qu'il ne s'agisse d'une manœuvre pour arracher d'éventuelles concessions de Bamako sachant que la CMA a gagné la bataille d'Anéfis après son alliance contre nature avec Gatia. D. B.