Introduites timidement en Algérie, il y a à peine trois années, les drogues dures sont passées au stade de la fabrication. Héroïne, cocaïne et même crack, dont un seul gramme vaut son pesant d'or, peuvent s'obtenir sur commande. L'affaire, qui vient d'être élucidée par le service de la PJ de la daïra de Chéraga, dirigée par l'officier Lebaïli Driss et le chef de sûreté urbaine Takab Ahmed, en constitue une preuve aussi triste qu'alarmante. Tout a commencé avec une information fournie par un citoyen de cette localité selon laquelle la cocaïne, l'héroïne et le crack sont en vente chez un dealer de 26 ans répondant aux initiales O. M. A. Ce dernier, lui-même toxicomane, travaille comme tous les gens du milieu sur rendez-vous et avec un code personnalisé par une de ses connaissances. C'est la méthode appliquée par les enquêteurs. Une de ses connaissances servira d'appât pour un appel “pressant”. Le poisson ayant mordu, on fixe le rancard au niveau de la sortie est de l'autoroute où la souricière est tendue. Le dealer est cueilli à sa descente de la voiture. En sa possession deux capsules de crack dont l'une dans sa bouche qu'il s'apprêtait à avaler. La policière fouille sa petite amie B. Z. (23 ans) restée dans le véhicule. Elle cachait deux capsules d'héroïne dans son soutien-gorge. Ils sont amenés au service de la PJ à Chéraga. L'homme passe à table. Il avoue se ravitailler chez un certain Ibrahim dit “le Patron” ; un Nigérian de 34 ans en situation irrégulière et louant une carcasse de villa dans le méga-quartier d'El-Hamiz. L'extension de compétence faite, les policiers quadrillent la villa. “Le Patron” est le premier à être arrêté avec dans la poche en brassard de son blouson une bonne quantité de came fraîchement préparée. La perquisition permet de découvrir 30 capsules d'héroïne et 30 autres de crack, une commande qui devait être livrée rapidement. Un tas de plantes mélangées à des produits chimiques entreposées dans un coin en attente de préparation. Le chef de cette bande de dealers reconnaît que le mélange est destiné à fabriquer les drogues dures. Le laboratoire scientifique qui procède à l'analyse des plantes et produits chimiques confirmera, en effet, la haute teneur en drogue dure. Les policiers procèdent à l'arrestation du “Patron” et de ses complices, deux Maliens dont l'un tentait de s'enfuir au moment de la perquisition, la saisie de la drogue et d'une somme d'argent (50 000 DA et 300 euros). L'officier Lebaïli explique que le prix d'une capsule d'héroïne dépasse 16 000 DA, alors qu'un gramme de crack vaut près de 30 000 DA. Ce qui explique l'engouement des jeunes, fils de riches, pour ces drogues. Dernièrement, un adolescent a simulé le vol de la voiture de sa sœur qu'il a vendue par la suite pour la modique somme de 10 millions de centimes. Les cinq mis en cause dans cette affaire ont été présentés jeudi dernier devant le juge de Chéraga, qui les a placés sous mandat de dépôt et écroués à la prison d'El-Harrach. Ali Farès