"Depuis quand l'Algérie reconnaît-elle officiellement la binationalité ?" s'interroge dans un communiqué transmis à notre rédaction le Conseil représentatif de la communauté algérienne pour les Bouches du Rhône et le Vaucluse qui considère qu'"au regard du droit", l'article 51 du projet de révision constitutionnelle comme "anticonstitutionnel". On apprend qu'à la suite d'une série de rencontres tenues par les associations de la communauté algérienne de la circonscription de Marseille ainsi que la commission de l'ONM (moudjahidine de la région sud de la France), il a été décidé de dénoncer "avec force" cette disposition reformulée par le projet de révision constitutionnelle qui stipule clairement que "la nationalité algérienne exclusive est requise pour l'accès aux hautes responsabilités de l'Etat et aux fonctions politiques". Parmi les signataires du communiqué, on retrouve notamment Mostefa Zeroual, ancien député et président de l'Amicale des Algériens des Bouches-du-Rhône, Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie et secrétaire général du CFCM, de nombreux présidents d'associations, des moudjahidine, des militants associatifs et des chefs d'entreprise. "Le binational n'est qu'Algérien en Algérie !", soulignent ces Algériens de France qui ne manquent pas de rappeler que le pouvoir s'est toujours accommodé en Algérie de cette pratique. Face à la volte-face du pouvoir qui, désormais, leur tourne le dos, ces Algériens de la diaspora appellent "à l'abandon pur et simple de cette nouvelle mouture" qui leur rappelle, disent-ils, un passé colonial douloureux où "deux collèges ont été instaurés". Pourtant ce même projet de Constitution stipule clairement, par ailleurs, que "les citoyens sont égaux devant la loi, sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d'opinion ou de toute autre condition ou circonstance personnelle ou sociale". À quoi obéit donc cette confusion que d'aucuns assimilent à un flou savamment concocté par le pouvoir ? Quoiqu'il en soit, "cette scélérate proposition va toucher plus de 15% de la population", précisent encore les rédacteurs du communiqué qui ne comprennent pas l'ostracisme dont ils font l'objet. "Ainsi et à titre d'exemple, la jeunesse et les scientifiques sont dotés de conseils alors que celui de la communauté qui était pourtant prévu a vu sa totale occultation. Où est donc ce temps où l'on disait que notre communauté était partie intégrante du peuple algérien ? Où est le grand intérêt qu'on dit vouer à notre communauté ?" Jusque-là, objet de multiples sollicitudes, la diaspora algérienne est désormais "mise à l'index". Pour quelles raisons ? Que s'est-il passé pour qu'on en vienne à exclure ainsi des millions d'Algériens de la vie sociopolitique nationale au prétexte qu'ils possèdent une autre nationalité ? Faute d'une réponse cohérente, il semblerait même que les indignations et les incompréhensions qui fusent, ici et là, épaississent davantage le mystère. Mohamed-Chérif Lachichi