La Libye, qui a connu sa révolution dans le sillage de celle du "Jasmin", n'arrive toujours pas à se dessiner des perspectives claires de sortie de crise. À la fragilité institutionnelle est venue se greffer la menace d'un terrorisme dévastateur, incarné par Daech. Tripoli, plus que Tunis, connaît une transition démocratique incertaine. En effet, l'effort de la communauté internationale à redonner une vie institutionnelle à la Libye bute sur les clivages politiques internes. Le Parlement parallèle de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, ne s'est toujours pas prononcé sur le gouvernement d'union nationale qui vient d'être mis en place avec pour Premier ministre, Fayez el-Serraj, et composé de 32 ministres. Les députés exilés à Tobrouk devraient se réunir dans les jours à venir pour approuver la composante de ce gouvernement. De nombreux défis attendent le nouvel exécutif qui doit d'abord être relocalisé à Tripoli, ce qui n'est pas chose acquise, en raison de la difficulté de ramener l'ensemble des milices à se joindre au processus de paix parrainé par l'Onu et conduit depuis plus de deux mois par le diplomate allemand Martin Kobler, en remplacement de l'Espagnol Bernardino Leon. Parallèlement, la situation sécuritaire s'aggrave, notamment dans les régions pétrolifères du pays, où la branche libyenne de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) a multiplié ses assauts depuis quelques semaines, profitant des blocages politiques qui ont retardé la mise en œuvre de l'Accord de paix de Skhirat du 17 octobre 2015. En effet, le contrôle des champs pétroliers, situés entre Ras Lanouf (nord-ouest) et Benghazi (nord-est) concentre de plus en plus l'attention de Daech en Libye. Mais les membres de cette organisation butent sur une farouche résistance des milices locales et de l'armée loyale au gouvernement reconnu de Tobrouk. Aussi, des frappes aériennes, attribuées à l'aviation française, égyptienne et émiratie, ont freiné Daech et menacent sa survie à Syrte, la ville natale de l'ancien guide libyen, Mouammar Kadhafi. Syrte est sous le contrôle total de Daech qui en a fait son quartier général, après avoir été chassé de Derna, dans l'est du pays, par les milices islamistes opposées à ses pratiques sanguinaires. La mise en œuvre rapide de l'Accord de Skhirat s'avère plus qu'urgente et le Parlement de Tobrouk n'a pas vraiment le choix face à l'impératif sécuritaire et à l'urgence d'anéantir Daech. Bien que de nombreux politiques et chefs de tribu se considèrent marginalisés par ledit accord, ils sont d'accord pour penser que l'urgence aujourd'hui est la lutte contre le terrorisme qui menace l'unité de la Libye et son économie, totalement dépendante du secteur pétrolier. L. M.