Sidiki Kaba, qui dirige la délégation de l'ONG, devrait animer une conférence de presse aujourd'hui pour clôturer la mission de la FIDH à Alger. La mission de la délégation de la fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) en Algérie, conduite par son président Sidiki Kaba, prend fin aujourd'hui. Elle sera sanctionnée par un rapport préliminaire élaboré depuis mardi dernier, jour de sa venue en Algérie, à l'occasion d'une conférence de presse qui sera animée à Alger. Hier, cette délégation était chez Me Farouk Ksentini, président de la commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (CNCPPDH) et chez Ali Merabet, le président de Somoud, l'association des familles des enlevés par les terroristes. Cinq thèmes ont polarisé l'attention de la délégation. La question des disparus, l'amnistie générale, la situation de la femme, la justice et la presse. Abordant la situation de l'appareil judiciaire, Sidiki Kaba a constaté de prime abord que “la justice algérienne est très répressive” . C'est du moins ce que nous expliquera, Me Farouk Ksentini, joint, hier, par téléphone. L'argument du président de la FIDH concernant la justice algérienne est en rapport avec les harcèlements continuels que subit la presse nationale. “Il a indiqué qu'il était anormal que la justice condamne les journalistes à des peines de prison ferme et qu'elle procède également à leur emprisonnement, ce qui est totalement inadmissible”, expliquera Me Ksentini, soulignant que “c'est une opinion que je partage totalement” . L'autre argument de la FIDH est l'exagération dans la détention préventive. Sur la question des disparus et de l'amnistie générale, Sidiki Kaba a d'emblée expliqué la divergence de points de vue entre sa conception et celle des autorités algériennes. “S'ils considèrent que l'amnistie est un droit, il n'en demeure pas moins que pour la délégation, il est impératif que la vérité soit connue sur le sort des disparus et que le jugement des auteurs de crimes terroristes soit fait avant de procéder à toute mesure d'amnistie”, indiquera Ksentini. Ali Merabet pour sa part affirmera que la FIDH “pense que tourner la page sur les crimes terroristes, oublier les horreurs vécues par les Algériens et favoriser l'impunité est une hérésie”. “Il faut, a dit Kaba, parler des crimes terroristes qui ont été commis contre les populations car ne pas en parler sera très dangereux et fatal pour les générations futures”, indiquera encore Merabet. Aussi, la FIDH ne soutient pas uniquement les familles des disparus, mais appuie toutes les catégories des victimes du terrorisme : “Même si dans le passé, nous n'avions pas eu de contacts avec la FIDH, notre rencontre d'hier nous a permis de savoir que cette ONG nous soutient au même titre que l'ensemble des familles victimes du terrorisme”. Abordant la situation de la femme en Algérie, le président de la fédération internationale des ligues des droits de l'homme expliquera d'entrée qu'il “n'y a pas eu de progrès en matière de statut personnel de la femme”. Et les récents amendements du code de la famille ? “C'est trop timide”, martèlera Sidiki Kaba pour lequel “il y a trop de violences contre les femmes, lesquelles violences sont incompréhensibles et impardonnables”. C'est ce que soutiendra Me Ksentini, indiquant qu'il “partage également ce constat”. Nadia MELLAL