Une délégation de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) est à Alger depuis mardi pour une mission d'information jusqu'à dimanche 10 juillet. C'est la troisième visite d'une organisation non gouvernementale (ONG) des droits de l'homme en Algérie en trois mois après celle d'Amnesty International (AI) en mai et celle de Human Rights Watch (HRW) en juin. La mission d'information de la FIDH, dirigée par Sidiki Kaba, qui est également président de la fédération, a rencontré hier les animateurs de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme. La LADDH de Ali Yahia Abdenour s'est félicitée, dans un communiqué rendu public hier, « que la FIDH ait pu renouer avec l'Algérie après une absence forcée de plusieurs années ». Lors de la rencontre au siège de la LADDH à Alger, les deux parties ont abordé les questions de l'amnistie, des disparus, de la liberté de la presse, de la femme et des problèmes soulevés par le racisme et l'exclusion. La LADDH, selon le communiqué, a relevé la convergence des points de vue avec la FIDH sur nombre de questions. En avril 2005, la FIDH, Amnesty International et Human Rights Watch, notamment, ont cosigné une déclaration concernant l'idée de l'amnistie générale lancée par le chef de l'Etat algérien, pour réitérer leur opposition « aux amnisties, aux grâces (...) ayant pour effet d'empêcher que n'éclate la vérité, d'empêcher que soit rendu un verdict d'innocence ou de culpabilité et d'empêcher que ne soient versées des réparations aux victimes et aux familles ». Dans un entretien à El Watan, le 12 mai 2005, Sidiki Kaba a indiqué que la FIDH reste « du côté de toutes les victimes quelles qu'elles soient et nous ne faisons pas de sélection entre elles, que ce soit celles qui sont victimes des groupes armés ou paramilitaires ou des groupes non étatiques ou de l'armée. Mais ceci dit, il est de la responsabilité de l'Etat algérien de faire les recherches nécessaires et d'identifier les auteurs de ces actes, de les traduire devant la justice et de les condamner s'il est avéré qu'il y a des preuves contre eux ». Amnesty International et HRW ont convergé vers la nécessité de combattre l'impunité et de réformer sincèrement la justice comme garant d'une construction juste de l'avenir. Devant les hauts gradés de l'armée au ministère de la Défense, le 3 juillet, le président Abdelaziz Bouteflika, même s'il n'évoque plus ouvertement la formule de « l'amnistie générale », a réitéré son souhait d'aller vers un référendum sur la cette question. Dans leur déclaration d'avril 2005, les ONG, dont la FIDH, ont rappelé que la voie référendaire ne saurait permettre au gouvernement algérien de « se soustraire à ses obligations internationales en adoptant à l'échelon national des lois contraires à ses obligations, que ces lois résultent d'un vote au Parlement ou d'un référendum. Le respect et la protection des droits fondamentaux des personnes ne peuvent faire l'objet d'un vote à la majorité ». Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a qualifié de « non-événement » le constat de HRW sur la justice algérienne et que les commentaires de cette ONG ne « méritaient pas de réponse ».