Même si l'option de l'abstention semble l'attitude la plus appropriée pour le parti, au regard des positions exprimées jusque-là, notamment à l'Assemblée, il reste que le Parti des travailleurs (PT) n'a toujours pas encore tranché sa position vis-à-vis de la Constitution. Entre le boycott, synonyme d'une opposition franche au projet cher à Bouteflika que la secrétaire générale, Louisa Hanoune, a toujours épargné, l'appui d'un texte dont de nombreuses dispositions sont entourées "d'opacité" lorsqu'elles ne "révèlent pas un cafouillage au sommet de l'Etat" et ne consacrent pas l'idéal démocratique pour lequel milite le parti, et l'abstention, le cœur du PT balance. "La révision intervient dans une conjoncture sensible. Sur le plan de la forme, la Constitution ne dispose pas d'un changement démocratique et profond tel que promis par le président de la République (...) Le recours aux deux Chambres prive donc le peuple de sa souveraineté et d'exprimer son point de vue", a affirmé, hier à Alger, Louisa Hanoune dans une allocution à l'ouverture des travaux du comité central de son parti. Tout en observant qu'un "processus constituant" est le plus indiqué pour le pays, Louisa Hanoune relève, cependant, quelques dispositions positives dans le projet de Constitution. Comme, par exemple, l'officialisation de tamazight que le parti a toujours réclamée ou encore l'article 17 relatif aux richesses nationales et l'article 1 inhérent à la nature de l'Etat. "Mais il y a des contradictions qui traduisent les hésitations de ses rédacteurs. Il n'existe pas d'indépendance de la justice, ni de séparation des pouvoirs (...)", relève-t-elle. Aussi, y a-t-il "une contradiction entre l'énoncé sur les libertés et la pratique exposée à la mafiotisation et à l'argent sale". Du reste, au regard de la conjoncture, au PT, on "refuse que cette révision, en dépit des zones d'ombre et des contradictions qu'elle recèle, ouvre la voie aux dérives et à Daech", soutient Louisa Hanoune. "Que se cache-t-il derrière la polémique autour de l'article 51 ?", s'interroge-t-elle. "Il semble que c'est une affaire politique sérieuse et qu'il y a des raisons plus dangereuses qu'on ne le conçoit", ajoute-t-elle, en citant le cas de l'Ukraine où des ressortissants de ce pays à la solde des Américains ont pu accéder à des postes stratégiques. "On sent qu'il y a un cafouillage au sommet de l'Etat. On a des interrogations et des craintes", dit-elle. S'il revient au comité central de définir la position du parti par rapport au texte (cela devait intervenir hier en soirée ou aujourd'hui), Louisa Hanoune fournit, toutefois, la ligne directrice. "Pour nous, la Constitution n'est pas une priorité. Le délabrement est dangereux. Le Président a usé de ses prérogatives, donc on ne peut pas ignorer cette révision. Nous sommes attachés à l'Etat national. On défendra la Nation, sa souveraineté et on défendra l'indépendance du parti. On n'acceptera jamais les compromis." Cela étant, Mme Hanoune a dénoncé, de nouveau, ce qu'elle qualifie de mafia politico-financière qui serait derrière les agissements de certains qui veulent attenter à la stabilité du parti, comprendre les membres du CC exclus, Labatcha et Sidi Moussa. "Tous ceux qui voulaient entamer la stabilité du parti ont été exclus et ils activent actuellement en dehors des statuts et du règlement intérieur du parti." Karim Kebir