Résumé : Nawel visite un F3 situé dans un quartier chic. Elle est vite subjuguée par la propreté qui y règne et par le décor. L'endroit était idéal à son état d'âme. Elle apprend qu'un vieux célibataire l'habitait encore. Sans plus réfléchir, elle se décide à acheter cet appartement tel qu'il est. Elle se tourne vers l'agent immobilier, qui attendait sagement la fin de la visite, et lui dit : -C'est parfait, je crois que je n'aurais pas d'autres occasions aussi avantageuses, ni pour le prix ni pour l'état de l'appartement. -Vous ferez une bonne affaire, madame...Croyez-en mon expérience dans le domaine. -J'aimerais acheter immédiatement cet appartement avec tout ce qu'il renferme... Je suis prête à payer le prix des meubles, et de tout le reste. Le jeune homme lui jette un coup d'œil curieux, puis se ravise pour lancer : -Je comprends, cet appartement vous a séduite et vous ne voulez rien changer. -Tout à fait... Je me sens si à l'aise dans ces lieux spacieux et aérés... On dirait que le hasard a devancé mes désirs... -Vous m'en voyez heureux pour vous, madame...,Mais je dois d'abord en faire la proposition au propriétaire. S'il consent à vous vendre ses meubles en sus de son appartement, je me ferais un plaisir de vous contacter. -Dans les meilleurs délais possibles, s'il vous plaît. -Je ferais de mon mieux, madame. La journée commençait à décliner lorsqu'elle revint chez elle. Elle avait acheté du pain et quelques fruits. Elle n'avait pas envie de faire la cuisine, et s'allonge un moment dans sa chambre avant de se relever pour se remettre devant son ordinateur. Le feuilleton sur lequel elle était en train de travailler s'éternisait. Elle l'avait sciemment rallongé, et les lecteurs trouvaient leur compte dans les multiples rebondissements qui le caractérisaient. Nabil l'appelle dans la soirée. Lui non plus n'avait pas envie de sortir ce soir, et surtout pas en solitaire. Elle le taquine, puis lui demande des nouvelles de ses enfants. -Ils vont bien, grâce à Dieu ; Malia a repris ses cours et travaille bien à l'école, et Nazim vient de décrocher une médaille dans les compétitions sportives... -Hum... Quel joli tableau tu me fais là ! Tes enfants semblent vraiment heureux auprès de leur grand-mère et de toi. -Je ne me plains pas trop... Je rends plutôt hommage à ma mère qui a su les élever et leur donner beaucoup d'affection. -Toi aussi tu leur as donné de l'affection... -Pas autant que leur grand-mère. Je pense qu'elle a su combler le vide que leur mère avait laissé. -Ils ne te parlent jamais d'elle ? -Non... Plus maintenant... Ils grandissent et pensent plus à leur avenir qu'à autre chose. Je tente de combler les lacunes autant que je peux. -Cela ne doit pas être facile pour toi... -Oh ! Avec le temps, on s'habitue à tout... Il se racle la gorge et poursuit : -Malia m'a demandé de tes nouvelles hier... Elle insiste pour que tu viennes à la maison. Nawel hésite une seconde puis lance : -Je... je tenterai de trouver un moment. -Ne raconte pas de sottises... Tu sauras trouver ce moment si tu le veux. Tiens... pourquoi ne viendrais-tu dîner chez nous demain soir ? -Demain ? -Oui... Tu as bien pris quelques jours de congé ! -Oui... mais pas assez cependant... Je voulais me reposer après le mariage de Salima. Mais je pense que je devrais reprendre le boulot la semaine prochaine. -Qu'à cela ne tienne... Nous sommes encore au milieu de la semaine, et tu pourras faire un effort. Malia sera heureuse de te revoir. -Mais pas Nazim... -Heu... Pourquoi dis-tu cela ? -Eh bien... après ce qui s'est passé à l'hôpital, il ne m'est pas difficile de deviner son antipathie. Nabil se tut quelques secondes avant de dire : -Nazim a tellement souffert du départ de sa mère que j'avais cru qu'il n'allait jamais s'en remettre... Par la suite, il s'est jeté corps et âme dans plusieurs activités sportives et culturelles afin de surmonter ses émotions. Un jour, il avait surpris une conversation entre moi et ma mère à son égard, et cela l'avait tellement affecté qu'il avait fugué. Je l'ai retrouvé chez l'un de ses camarades de classe qui habitait notre quartier. Je l'ai, bien entendu, sermonné sur son comportement, et il est resté confiné dans sa chambre un week-end entier. J'ai alors décidé de lui parler de sa mère et des raisons qui nous ont amenés à nous séparer, en choisissant subtilement mes mots pour ne pas heurter sa sensibilité. Mais il est trop intelligent pour ne pas deviner où je voulais en venir. Depuis, il affiche toujours son appréhension chaque fois que je suis en présence d'une femme et craint que je ne me remarie et ne les quitte lui et sa sœur comme l'a déjà fait leur maman. (À suivre) Y. H.