La Fédération des Amazighs de l'Amérique du Nord (Faan) rejette "en bloc" la nouvelle Constitution adoptée dimanche par le Parlement. Dans une déclaration rendue publique lundi, la Faan reproche à la nouvelle loi fondamentale de hiérarchiser les langues officielles algériennes, tamazight et l'arabe, et de discriminer la communauté algérienne établie à l'étranger. "Tamazight en tant qu'identité, langue et culture, à travers une longue lutte et d'énormes sacrifices et d'efforts consentis par plusieurs générations de militants, n'a pas retrouvé sa véritable place sur les plans institutionnel et constitutionnel algériens", estime l'organisation de défense de tamazight qui active principalement au Canada. Pour les auteurs du document, même si tamazight est reconnue langue nationale et officielle, elle se voit reléguée en seconde zone dans un article 3 bis porteur d'un artifice de hiérarchisation linguistique qui fait de l'arabe la seule langue officielle de l'Etat. Sinon, s'interroge encore la Faan, pourquoi c'est uniquement la langue arabe qui est protégée par l'article 178 qui fixe les constantes nationales ? Le maintien tel quel dans la version adoptée de l'article 51 a également suscité le courroux des militants amazighs. La Faan parle d'une "injustice flagrante" au sujet de cette disposition qui exclut les binationaux des hautes fonctions de l'Etat et des fonctions publiques. "Cet article est en totale contradiction avec les articles 29 et 31 de cette même Constitution, qui consacrent l'égalité des Algériens en droits et en devoirs", fera remarquer encore l'organisation qui dénonce, par ailleurs, "les intimidations et le harcèlement dont font l'objet des militants amazighs et des droits de l'Homme, ainsi que des syndicalistes". "Toujours sur le plan des droits et des libertés, le pouvoir répressif algérien s'acharne sur des militants et des syndicalistes qui défendent leur cause", fulminent les membres de la fédération amazighe qui n'a pas manqué de dénoncer "l'arrestation de Me Salah Dabouz, avocat des détenus mozabites et président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, ainsi que plusieurs syndicalistes. C'est une atteinte grave aux droits fondamentaux, notamment le droit de se réunir et de s'exprimer", conclut la déclaration de l'organisation fondée récemment par un groupe de militants d'horizons politiques différents. Y. A.