Outre la mort des deux employés de l'ONU, l'attaque a fait une trentaine de blessés. Regain et intensification de l'activité terroriste ces derniers jours au Nord-Mali où ont été commis deux attentats et dont un troisième a échoué, notamment à Kidal, Hombori et Gao. En effet, hier encore, deux Casques bleus de la Minusma ont été tués dans une attaque contre le camp de la force onusienne à Kidal. Outre la mort des deux employés de l'Onu, l'attaque a fait une trentaine de blessés. Par ailleurs, jeudi, c'est le siège de la douane à Hombori qui a été la cible d'une attaque à l'arme lourde. Le bilan fait état de trois morts, un douanier qui a pris ses fonctions la veille et deux civils. L'acte a été attribué au groupe terroriste Front de libération du Macina, très actif sur l'axe Hombori-Sévaré, et dont les éléments sous-traitent avec les autres groupes, notamment El-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, Ansar Dine d'Iyad Ag Ghali et Aqmi. Le même jour, un terroriste a été déchiqueté par une mine qu'il tentait de placer dans la région de Gao, selon des sources locales. Le terroriste visait un convoi des forces maliennes qui est constamment sur cet important axe routier. L'attentat d'hier a été revendiqué par le groupe Ansar Dine dont le chef, Ag Ghali, avait menacé de s'en prendre à tous ceux qui s'opposeraient à ses desseins, forces étrangères, dont la Minusma et l'armée française. Pas seulement. Même les groupes rebelles du Nord qu'il a accusés de trahison, d'avoir "vendu le sang et la terre" en signant l'Accord pour la paix et la réconciliation nationale qui est, de son point de vue, une concession pour le gouvernement de Bamako qui est, dans son optique, à l'origine de tous les maux du Mali. En bonne entente avec les autres groupes terroristes, Ansar Dine s'attelle à entretenir le désordre et l'instabilité du pays à travers des attaques ciblées et à torpiller l'accord d'Alger, précisément sa mise en œuvre pour "la stabilité et le développement", notamment des régions du Nord. Une perspective qui n'arrange guère son business qui ne peut perdurer dans un climat de sécurité et de stabilité étant essentiellement constitué de divers trafics. D'où sa mise en garde contre les groupes qui ont négocié l'accord de paix. Et ce n'est pas un hasard si ces deux attaques et les récents attentats interviennent particulièrement dès que la mise en œuvre de l'accord enregistre une avancée. Les attentats avaient repris dès l'annonce de l'accord de principe pour le cantonnement des "combattants" des groupes du Nord et le choix des sites. Un prélude à la mise en place des patrouilles mixtes qui auront pour mission de stabiliser le Nord, mais aussi et surtout, comme conclu dans l'accord de paix, de lutter contre le terrorisme et les autres crimes, tels le trafic de drogue, d'armes et la traite des êtres humains. Autrement dit, s'attaquer aux gisements des groupes terroristes qui en tirent l'essentiel de leurs ressources financières. L'accord de cohabitation signé à Kidal, la semaine dernière, entre la CMA et la Plateforme, les deux principaux groupes du Nord, signataires de l'accord d'Alger, encouragé et soutenu par la Minusma, constituerait aussi un danger pour les groupes terroristes, en ce sens qu'il scelle une entente qui faciliterait davantage et accélérerait la mise en œuvre de l'accord d'Alger. D'où, certainement, l'attentat d'hier. Djilali B.