La décision de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) de baisser sa production de 1,8 million de barils/jour est entrée en vigueur le 1er novembre, et va prendre du temps à se mettre en place, fait remarquer Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'OPEP, dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. Il précise que l'évolution du cours du brut, ces derniers jours, a été influencée par les signes de l'économie américaine qui se porte mieux, et par la solidité du dollar. On verra plus tard, ajoute-t-il, les conséquences de la baisse de production décidée par l'OPEP. Il fait observer que des pays comme le Nigeria, les Emirats, l'Iran, l'Algérie ont annoncé leur baisse de production. Il faut voir réellement, souligne-t-il, cette baisse sur le marché. Selon M. Khelil, tout dépend de la situation économique mondiale. Si elle continue à se détériorer, la demande en pétrole va diminuer et les cours vont baisser ; si le dollar faiblit, c'est le sens inverse. A long terme, 2 à 3 ans, il y aura évolution vers le haut des prix, souligne le ministre. L'OPEP ne va pas revoir les quotas, ils sont bons si on veut avoir un baril entre 70 et 80 dollars. Pour M. Khelil, à propos de l'Arabie Saoudite, tout dépend de l'impact décisif de la baisse de sa production prévue entre 700 000 et 800 000 barils/jour. L'Arabie Saoudite n'a pas encore informé ses clients de sa baisse, fait-il remarquer. Si elle veut se désolidariser des autres pays de l'OPEP, on le saura dans un mois, ajoute-t-il. Il rappelle, par ailleurs, que les pays du Golfe ont promis d'aider le Fonds monétaire international (FMI) qui a besoin de fonds. A propos de l' «OPEP du gaz», M. Khelil signale qu'il existe un forum des pays producteurs de gaz, qu'un groupe de travail a été constitué à Doha et qu'une rencontre est prévue à Moscou pour décider ensemble. Politiquement, il y a accord, mais au plan économique, comment va-t-elle être efficace, là est la question, selon M. Khelil. Le forum des pays producteurs de gaz n'a pas d'impact sur le prix du gaz. Quand le GNL, qui représente aujourd'hui 10 % des ventes, se développera, les choses changeront, souligne-t-il. Il fait remarquer que les 80 milliards de dollars de recettes des ventes algériennes d'hydrocarbures en 2008 incluent les recettes de ventes du gaz, dont le prix pour le second semestre 2008 est indexé sur le prix du pétrole du premier semestre 2008. Il annonce que le prix du gaz baissera le premier semestre 2009 parce qu'il reflètera la baisse du prix du pétrole durant le second semestre 2008. Concernant les revenus de l'Algérie, il admet qu'ils sont importants, mais, dit-il, ses besoins sont aussi importants pour arriver à élever le niveau de vie de la population. Il estime que l'argent du pétrole doit être investi pour développer le tourisme, l'agro-alimentaire, l'industrie et les services. Autres thèmes abordés par M. Khelil dans cet entretien : les négociations en vue de l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), celle-ci, souligne-t-il, demande à ne pas subventionner le prix du gaz pour la production d'engrais. Sur le marché national, le prix du gaz algérien reflète ses coûts. La crise financière : l'Algérie, fait-il remarquer, n'investit pas beaucoup à l'extérieur. Sonatrach investit à l'étranger à partir des bénéfices qu'elle réalise à l'international. Il fait savoir que Sonatrach a fait au Pérou des bénéfices importants qu'elle a rapatriés. Les relations Gazprom-Sonatrach : Si Gazprom est autorisée à investir en Algérie, ce qu'elle fait, Sonatrach devrait être autorisée à investir en Russie, ce qui n'est pas le cas, selon le ministre. Enfin, à propos du prix de l'électricité, pour le moment, pas d'augmentation, dit-il. Sonelgaz a procédé à un emprunt obligataire et s'il le faut, l'Etat injectera de l'argent, parce qu'il faut réaliser une centrale électrique par an, de 400 à 500 mégawatts.