Dans une lettre distribuée hier en conférence de presse, la famille du militant des droits de l'Homme dénonce "une détention arbitraire" du Dr Fekhar et des membres de sa famille arrêtés avec lui. La famille de l'activiste mozabite et militant des droits de l'Homme, le Dr Kamel-Eddine Fekhar, "arbitrairement" placé sous mandat de dépôt depuis 8 mois, interpelle le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à intervenir, à l'occasion de sa visite en Algérie, auprès du gouvernement algérien pour demander sa libération et celle de plusieurs membres de sa famille détenus pour la même cause dans les prisons de Ghardaïa et d'El-Ménéa. Pendant ce temps, le détenu a, quant à lui, décidé d'observer, une fois de plus, une grève de la faim hier. Dans une lettre ouverte rendue publique hier en conférence de presse à Alger, la famille Fekhar, représentée par Oussama Fekhar, neveu du détenu, dénonce "une détention arbitraire" de plusieurs de ses membres, à leur tête le Dr Kamel-Eddine dont le tort, regrette-t-on, est d'avoir, entre autres, adressé, le 2 juillet 2015, une lettre aux Nations unies pour revendiquer la protection de la minorité mozabite. Elle se réfère, à ce titre, au discours tenu, quelques jours après l'arrestation de l'accusé, par le chef de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, lequel évoquait alors ce chef d'inculpation, à savoir son appel lancé à l'instance onusienne d'intervenir pour protéger la minorité mozabite. Selon la famille Fekhar, le nombre des "détenus d'opinion" s'élèverait actuellement à 90 personnes dans les deux prisons de Ghardaïa et d'El-Ménéa. Leur tort ? "C'est d'avoir une opinion qui contrarie celle du gouvernement algérien", regrettent les membres de la famille du détenu Kamel-Eddine, qui dénoncent que la majorité des personnes soient arrêtées pour le simple fait d'avoir été surprises, le jour de leur arrestation, lors d'une soirée du dernier Ramadhan, en train d'accomplir la prière à ses côtés... Dans la même lettre ouverte adressée au SG de l'ONU, ses proches ont, par ailleurs, fait part du grave sentiment exprimé par le détenu par rapport à sa crainte de faire l'objet d'une "liquidation physique" comme cela été le cas auparavant, rappelle-t-on, pour les anciens détenus Baouchi Afari et Aïssa Ben Cheikh, tous deux décédés en prison, ou bien, alerte-t-on encore, d'une condamnation à mort réservée auparavant au défunt militant Mohamed Baba Bedjar. Dans un message relayé par ses proches, le détenu Kamel-Eddine Fekhar dénonce, par ailleurs, sa détention "illégale" et une "agression" contre sa liberté et celle de ses compagnons. Il a rappelé, à ce propos, que durant les 8 mois qu'aura duré la détention, "aucune preuve n'a été à ce jour apportée par le juge d'instruction". Il dénonce, également, des conditions d'emprisonnement pour le moins insupportables. Le principal chef d'inculpation, rappelons-le, retenu contre ce militant, est notamment "l'atteinte à la sûreté de l'Etat". Depuis son arrestation, dénonce sa famille, plusieurs autres chefs d'inculpation auraient été, en outre, "fabriqués" contre lui, dans une tentative de l'enfoncer davantage. Farid Abdeladim