Le discours du RND est pour le moins contradictoire. Après avoir mis en exergue les "acquis" et "réalisations" enregistrés durant le règne de Bouteflika, Yahia Mustapha, membre du secrétariat national du parti, a estimé que "tous les indicateurs montrent que la situation de l'Algérie est délicate" ! Consacrant leur laïus à défendre le bilan de Bouteflika et à louer interminablement les acquis et réalisations enregistrés durant son règne, les représentants du RND, qui ont eu à diriger, jeudi, le regroupement de la jeunesse des wilayas du Centre, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, n'ont pas tardé à tomber dans une contradiction, et non des moindres, en qualifiant la situation actuelle du pays de "comparable à celle de 1997". Cette comparaison a été faite par le membre du secrétariat national du RND, Yahi Mustapha, qui intervenait devant des participants venus de neuf wilayas du Centre pour prendre part à la 3e conférence régionale de son parti. "Notre parti a prévu d'organiser son 5e congrès, qui sera extraordinaire, durant le mois de mai prochain pour élire son nouveau secrétaire général. Ce congrès intervient dans un contexte comparable à celui de 1997 qui a vu naître le RND. Tous les indicateurs montrent que la situation de l'Algérie est très délicate : les prix du pétrole ne peuvent plus remonter de manière sensible en raison de l'autosuffisance américaine après l'exploitation du gaz de schiste et le développement des énergies renouvelables qui ont fait que les énergies fossiles sont dépassées par la civilisation. Aujourd'hui, même les transferts sociaux ne sont pas à l'abri de l'austérité", a-t-il déclaré. Si à travers cette comparaison, l'orateur voulait, dit-il, sensibiliser les présents sur la nécessité d'œuvrer pour le renforcement du front interne car, a-t-il jugé, "même les réformes sans un front interne fort ne serviront à rien", il n'en demeure pas moins qu'oser ce parallèle c'est laisser conclure que les 15 ans de règne de Bouteflika n'ont pas sorti l'Algérie de sa situation fragile. Le chargé de la jeunesse et des étudiants au sein du RND, Moundhir Boudène, a, lui, préféré parler de "défis sécuritaires et économiques imposés, pour le premier, par la situation aux frontières et par la chute des prix des hydrocarbures, pour le second". Des défis qui, dit-il, nécessitent une grande mobilisation de la jeunesse et dont le RND est appelé à jouer un rôle important. C'est en évoquant le rôle de son parti que l'orateur profite pour décocher quelques flèches en direction du FLN sans toutefois le nommer. "Le RND soutient le président Bouteflika par la parole et les actes et non pas en faisant valoir sa filiation organique. Ahmed Ouyahia est un homme constant dans ses positions et sa fidélité au président qu'il soutient par le travail sur le terrain et non pas par la seule parole", a déclaré Moundhir Boudène qui, après avoir énuméré les dangers sécuritaires qui guettent les frontières algériennes et qui sont provoqués, dit-il, par "un nouveau colonialisme qui n'a fait que changer de méthodes", s'en est pris à l'opposition qu'il accuse indirectement de jouer le jeu des étrangers et qu'il a invitée "à ne pas dépasser les lignes rouges". Dans un discours plus direct, le député du RND, Azwaw Belgacem, s'en est pris violemment à Makri en le qualifiant de "Daech politique" puis à toute l'opposition qu'il qualifie d'"opposition des salons qui ne cherche qu'à prendre le pouvoir". Samir LESLOUS