Alors que Damas fait du sort du président syrien une "ligne rouge", l'émissaire onusien pour la Syrie a annoncé hier que le but de ces discussions est de mettre en place une transition politique d'ici six mois, sans préjuger du sort final de Bachar al-Assad. "La mère de toutes les questions" est de trouver un accord sur une transition politique a indiqué hier le médiateur de l'ONU pour la Syrie avant l'entame à Genève des discussions avec le régime de Damas et l'opposition. "Nous sommes à un moment de vérité", a ajouté Staffan de Mistura, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Syrie, tout en indiquant que l'objectif est de mettre en place d'ici six mois une transition politique. Il n'en demeure pas moins que le sort du président Bachar al-Assad, dont Damas fait une "ligne rouge", reste l'obstacle majeur. "C'est au peuple syrien de voter, d'élire, de décider. Mais nous devons l'aider", a-t-il également souligné lors d'une conférence de presse. Entre Damas et les Nations unies, les choses ne semblent pas très claires. En effet, aux déclarations de l'ambassadeur de Syrie auprès de l'ONU à New York indiquant qu'il n'y avait pas eu d'accord sur l'ordre du jour des discussions, sous-entendant qu'il n'avait pas accepté de parler de transition, Staffan De Mistura a apporté un démenti en affirmant que "l'ordre du jour est fixé" et que l'objectif prioritaire est justement de mettre en place une transition politique devant permettre ensuite d'organiser des élections. En effet, si l'ONU souhaite la mise en place d'un "organe de transition" doté de tous les pouvoirs, Damas considère la transition comme un simple remaniement ministériel avec un "gouvernement d'unité" élargi à des opposants mais toujours placé sous l'autorité de Bachar al-Assad. Pour le régime de Damas, dont les positions militaires sur le terrain ont été considérablement renforcées grâce à l'intervention militaire de son allié russe, il est hors de question de parler du sort du président Assad. Ceci étant, l'opposition syrienne, représentée par le Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe une myriade de groupes différents, exige le départ du président syrien Bachar al-Assad, mort ou vivant, dans les 6 mois qui viennent, avec la mise en place d'un "organe de transition" doté de tous les pouvoirs. Des élections, législatives et présidentielle, doivent ensuite être organisées dans les 12 mois suivants. Faisant pression sur les participants à ces négociations, Washington et Paris ont mis en garde dimanche le régime syrien contre toute tentative de "faire dérailler le processus de Genève" en voulant exclure des discussions le sort de Bachar al-Assad. À signaler que l'opposition, qui aura à son tour des discussions avec Staffan de Mistura aujourd'hui, a affirmé qu'elle était venue avec un esprit de sérieux et qu'elle n'avait pas l'intention de se retirer des négociations, comme elle l'avait fait lors du premier round pour protester contre les frappes russes. Merzak Tigrine