Réagissant à l'accord conclu vendredi entre l'Union européenne et la Turquie sur les réfugiés cherchant à se rendre en Europe, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé hier que le droit d'asile doit être prioritaire dans sa mise en œuvre. "Comment cet accord va être mis en œuvre va donc être crucial, les réfugiés ont besoin de protection et pas de rejet", affirme l'organisation humanitaire onusienne dans un communiqué. Les personnes retournant en Turquie doivent bénéficier d'un traitement "juste" de leur demande d'asile, "dans un délai raisonnable", a plaidé le HCR, tout en faisant valoir qu'elles doivent aussi recevoir l'assurance qu'elles ne seront pas refoulées, ni soumises à un retour forcé. En réponse à la mise en garde de l'ONU contre un "risque de possibles expulsions collectives et arbitraires", la Commission européenne a assuré que le mécanisme prévu par l'accord était dans les clous du droit international. Des procédures individuelles seront garanties à chaque demandeur d'asile qui arrivera sur les côtes grecques à partir de dimanche, avec un examen individualisé de sa requête et le droit de faire appel de la décision de renvoi. Pour rappel, l'accord conclu vendredi prévoit le renvoi vers la Turquie de tous les nouveaux migrants qui arriveront à partir de dimanche sur les îles grecques, y compris les demandeurs d'asile comme les Syriens fuyant la guerre. Environ 46 000 migrants sont actuellement bloqués en Grèce dans des conditions déplorables devant une "Route des Balkans" désormais fermée. Débordée par l'arrivée de 1,2 million de migrants l'an dernier, fuyant pour la plupart les guerres en Syrie, en Irak et en Afghanistan, l'UE s'est divisée comme jamais ces derniers mois sur la réponse à apporter. Certains Etats membres étaient réticents jusqu'au dernier moment, craignant l'illégalité du renvoi de demandeurs d'asile ou rechignant à faire trop de concessions à la Turquie, accusée de dérive autoritaire. "Ce n'est pas un très bon accord, mais on est bien obligé. Personne n'en est fier, mais on n'a pas d'alternative", a résumé un diplomate européen. "C'est un travail herculéen qui nous attend", a reconnu le président de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker. Une logistique complexe va en effet devoir être déployée sur les îles grecques en un temps record. Pour chaque Syrien renvoyé, les Européens se sont engagés à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie. Merzak T./Agences