Les associations de femmes veulent faire du 13 juillet de chaque année une journée nationale contre la violence faite aux femmes et pour leur dignité. Dans un communiqué rendu public hier, dix-huit associations de femmes (Commission nationale des femmes travailleuses UGTA, Association pour l'émancipation des femmes, Maghreb égalité, SOS femmes en détresse, Tharwa Fatma N'soumer, Réseau Wassila, Rachda, Djazaïrouna, Collectif des femmes du MDS, groupe de moudjahidate indépendantes, Rafd…) ont saisi, hier, le gouvernement à l'occasion du 4e triste anniversaire du viol de trente-neuf femmes de Hassi-Messaoud, intervenu, pour rappel, le 13 juillet 2001, revendiquant que cette date soit décrétée journée nationale. “Il est important de graver la date du 13 juillet dans notre mémoire collective, c'est pourquoi il est impératif de proclamer le 13 juillet journée nationale contre la violence faite aux femmes et pour leur dignité”, lit-on dans le communiqué d'hier. La saisine du gouvernement par ces associations de femmes s'explique par le fait que “c'est lui seul qui a le pouvoir de décréter cette date journée nationale”, expliquera Soumia Salhi, la présidente de la Commission nationale des femmes travailleuses UGTA. “Notre appel s'adresse également à toute la société pour qu'elle nous rejoigne dans notre dénonciation aux violences commises à l'encontre des femmes”, souligne-t-elle. C'est ce qui est également expliqué dans le communiqué “pour qu'il n'y ait plus de silence complice de la société, pour qu'il n'y ait plus de laxisme des institutions, pour que des peines exemplaires viennent construire une nouvelle attitude de la société faite de condamnation de ces actes indignes et de respect de la dignité des femmes”. Dans le cas où le gouvernement répondrait par la négative à la requête de ces associations, “nous commémorerons quand même chaque année cette date pour nous rappeler les violences subies par les femmes de Hassi-Messaoud”, affirme Mme Salhi. Le communiqué signé par les dix-huit associations rappelle les circonstances du viol des 39 femmes travailleuses de Hassi-Messaoud : “Insultées, brutalisées, violées, torturées, elles payent au prix fort leur détermination de femmes osant chercher un travail digne si loin du cadre traditionnel. Et pendant que les victimes étaient privées de solidarité, calomniées pour légitimer l'agression, les agresseurs étaient protégés par une complaisance quasi unanime de la société et des institutions”, est-il indiqué avant d'affirmer que “c'est un point noir dans l'histoire des femmes”. Le premier procès des violeurs de ces femmes est “une mascarade”, est-il souligné arguant que “relaxés par le juge, applaudis par la salle, les bourreaux qui ont daigné se déplacer sont apparus comme les représentants du consensus misogyne de la société”. “Même le procureur a fait appel de ce déni de justice”, font-elles observer. Dans le second procès, elles mentionnent que “si le crime est enfin reconnu, les peines comme les dédommagements sont insuffisants à l'exception des condamnations par contumace”. La présidente de la Commission nationale des femmes UGTA expliquera, par ailleurs, l'importance des associations (18) signataires du communiqué par le fait qu'“il y a des moments forts où l'ensemble des associations de femmes se sont retrouvées à défendre des causes communes dans lesquelles elles se sont reconnues, comme c'est le cas pour les femmes de Hassi-Messaoud qui ont bravé l'interdit et ébranlé l'ordre établi”, explique-t-elle. Dans ce même ordre d'idées, le communiqué précise que “la solidarité des associations depuis 2001 a permis de faire de leur combat une dénonciation de toutes les violences faites aux femmes”. “Des violences, est-t-il précisé, qui fleurissent sur la précarité sociale qui s'étend, des violences qui se nourrissent du discours rétrograde qui continue de faire des femmes les boucs émissaires des frustrations de la société”. NADIA MELLAL