Depuis février 2014, la Banque d'Algérie, dans ses notes de conjoncture, mettait l'accent sur les signes précurseurs du choc externe pouvant conduire à une contraction des ressources. Et cela s'est produit en juin 2014. Image affligeante, hier, à l'Assemblée populaire nationale (APN). Critiqué sévèrement la veille, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, s'est retrouvé, pour répondre, face à un hémicycle vide. "Les journalistes sont plus nombreux que les députés" , a fait remarquer, à juste titre, le président de l'APN, invitant les députés à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de leurs électeurs. M. Laksaci rappelle, sereinement, au début de sa réponse, que la présence du gouverneur de la Banque d'Algérie devant l'APN pour présenter le rapport annuel sur l'évolution économique et monétaire du pays, obéit aux dispositions de la loi relative à la monnaie et au crédit. Le gouverneur a affiché sa disponibilité à venir présenter, "en toute transparence", les évolutions de la situation financière et économique de l'année passée à tout moment. Très pédagogue, loin des envolées lyriques des députés, Mohamed Laksaci a relevé que certaines questions dépassent les prérogatives de la Banque d'Algérie. Le gouverneur indique que l'économie algérienne subit un choc externe depuis la mi-2014. Il a rappelé les mesures prises en 2015, par l'Algérie pour faire face à la chute des prix du pétrole, malgré les coussins de sécurité constitués entre les années 2000 et 2015. Les pouvoirs publics ont pris en 2015 des mesures afin de resserrer les exigences en matière de normes et établir un dispositif légal d'encadrement des importations au moyen de licences d'importation. La Banque d'Algérie a également renforcé les exigences en matière de détermination de la surface financière de l'importateur pour les besoins de domiciliation bancaire. Elle a aussi prévu la réduction à deux reprises du ratio prudentiel des fonds propres des banques par rapport à leurs engagements au titre du commerce extérieur. En outre, la Banque d'Algérie a intensifié les contrôles des opérations du commerce extérieur directement au niveau des agences bancaires. M. Laksaci a indiqué, également, que des audits financiers ont été effectués au niveau de toutes les banques et de leurs portefeuilles engagement. Les résultats de ces audits, finalisés en octobre 2015, ont permis à la Banque d'Algérie de lancer les exercices de "stress tests" au niveau des banques. Les exercices de "stress tests" devraient s'achever le mois en cours. Ces tests ont pour but de développer les instruments de surveillance macro-prudentielle et de mesurer la solidité des banques par rapport au cycle financier. "N'attendez pas de la Banque d'Algérie qu'elle change les lois économiques" M. Laksaci rappelle que depuis février 2014, la Banque d'Algérie, dans ses notes de conjoncture, mettait l'accent sur les signes précurseurs du choc externe pouvant conduire à une contraction des ressources. Et cela s'est produit à partir de juin 2014. La nouvelle centrale des risques des ménages, entrée en activité en septembre 2015, constitue aussi un instrument additionnel et important dans la gestion des risques crédits. Vu l'importance des dépôts des ménages au niveau des banques, l'octroi des crédits à la consommation contribuera au développement de l'inclusion financière. Face à l'amenuisement de l'excès de liquidités la Banque d'Algérie a revisité ses instruments de refinancement tout en renforçant ses capacités de gestion et d'absorption de surliquidités. "Cependant, l'injection des liquidités ne devrait pas générer une érosion des réserves de change", a averti M. Laksaci. Les banques doivent avoir dans leurs portefeuilles des effets de qualité éligibles au refinancement, tels des effets privés acceptables au réescompte. Le gouverneur a indiqué que la Banque d'Algérie poursuivra sa politique de change à même de renforcer la compétitivité externe. Après les mesures prises en 2011 pour encourager les exportations hors hydrocarbures, M. Laksaci annonce que d'autres dispositions seront prises cette année pour développer le marché interbancaire de change et amener les banques à assurer la couverture de change à terme au profit des opérateurs. Le gouverneur de la Banque d'Algérie s'est attardé sur la gestion du taux de change du dinar. M. Laksaci a expliqué que le taux de change effectif réel du dinar n'était pas aléatoire, mais basé sur des fondamentaux que sont le prix du baril de pétrole, le niveau des dépenses publiques et le différentiel d'inflation entre l'Algérie et ses principaux partenaires commerciaux. "N'attendez pas de la Banque d'Algérie qu'elle change les lois économiques", a-t-il lancé. M. Laksaci a indiqué que le dinar s'est déprécié de 19,57% en moyenne entre septembre 2014 et septembre 2015, par rapport au dollar. Par rapport à l'euro la dépréciation ne dépasse pas 2,2% sur la même période. Il a signalé que la dépréciation de la monnaie de certains pays notamment émergents, par apport au dollar est plus importante, citant, entre autres, la Russie (40,6%), le Brésil (27,7%) et le Venezuela (23,5%). Meziane Rabhi