Hier encore, les autorités non reconnues de Tripoli ont fermé l'accès à l'avion qui devait transporter les membres du gouvernement d'union nationale de l'aéroport de Sfax (Tunisie) pour la capitale libyenne. Au fur et à mesure que le temps passe, la situation se complique davantage en Libye, où le gouvernement d'union nationale, issu de l'accord de Skhirat, est rejeté par les deux gouvernements parallèles de Tripoli et de Tobrouk. L'incapacité du Parlement à réunir le quorum pour accorder ou non sa confiance au cabinet composé par Fayez Al-Sarraj, qui est venue s'ajouter à l'hostilité affichée dès le début par son homologue de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, a donné lieu à une situation inextricable. Les choses se sont dégradées au point où l'on interdit aux membres du gouvernement d'union nationale, ainsi qu'à l'émissaire onusien Martin Kobler de se rendre à Tripoli. En effet, face à la volonté du gouvernement Al-Sarraj de s'installer rapidement dans la capitale libyenne, les autorités de cette ville y ont décrété "l'état d'urgence maximal". Elles ont clairement signifié leur refus d'accueillir le diplomate allemand. Certes des initiatives sont lancées de part et d'autre dans l'espoir de débloquer la situation, à l'instar de la convocation par le président de l'Assemblée des représentants du peuple libyen, Aqila Salah, de tous les membres du Parlement à assister aux séances du lundi 28 et mardi 29 mars afin d'accorder la confiance au gouvernement d'entente nationale. Pour rappel, près de 100 députés de ce Parlement avaient demandé, jeudi, la tenue d'une séance plénière, en présence d'observateurs, pour accorder la confiance au gouvernement d'entente nationale, et ils avaient aussi exigé à ce que la séance soit retransmise en direct par la télévision et que son ordre du jour se limite au vote de confiance pour le gouvernement. Ceci étant, le Parlement de Tobrouk et le Congrès national général (CNG, Parlement de Tripoli) ont convenu de la nécessité d'apporter quelques ajustements à l'accord politique signé par les protagonistes libyens sous l'égide de la Mission d'appui des Nations unies (Manul) le 17 décembre 2015 à Skhirat (Maroc). C'est lors d'une réunion qui a regroupé plusieurs députés des deux Parlements rivaux à Tripoli dans le cadre d'un dialogue libyen-libyen, que les deux parties ont recommandé que l'accord politique soit modifié pour répondre aux exigences de la scène et arriver à un consensus national, puis respecter, par la suite, les principes et objectifs de la formation d'un gouvernement. En attendant, la situation se dégrade sur le terrain, où les combats armés ont connu une escalade dans l'est, le sud et l'ouest du pays, et menacent dangereusement la vie de plus de 2,5 millions de personnes. À noter que des organisations internationales ne cessent de mettre en garde contre une famine qui menace de nombreuses populations. C'est dire l'urgence d'accorder la confiance au gouvernement d'union nationale, afin qu'il soit l'interlocuteur de la communauté internationale et bénéficie de son soutien dans ses actions pour restaurer la paix en Libye et combattre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique. Merzak Tigrine