"La situation de ni guerre ni paix au Sahara occidental est très coûteuse, voire préjudiciable, pour le Maroc. Il n'est pas dans l'intérêt du Maroc que le conflit dure." Ces propos ont été tenus, hier, par Chérif Dris, maître de conférences à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information d'Alger, lors de la conférence qu'il a animée au centre culturel Historial d'Alger-Centre. Organisée par le Collectif des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui, la rencontre a porté sur les "positions des pays occidentaux : mensonges et vérités" et la question médiatique. Pour le conférencier, la monarchie marocaine a peur, aujourd'hui, que le conflit du Sahara occidental ne mobilise plus intérieurement et ne soit plus "un élément de cohésion nationale". Et ce, à l'heure où "on assiste à la prolongation du statu quo". Le chercheur a également signalé que pour l'Occident, particulièrement pour la France, "le Maroc est un allié stratégique" en Afrique du Nord, en rappelant l'implication, en 1975, des Mirages français pour bombarder le Front Polisario. "Il y a un lobbying en France, à droite et à gauche, en faveur du Maroc", a déclaré M. Dris, sans négliger "le travail de lobbying que fait le Maroc, depuis les années 1970, y compris auprès de la communauté juive, aux USA". Bien qu'il admette que "dans les relations internationales, rien n'est impossible", l'universitaire a tout de même du mal à croire à un changement de position de la France. De plus, le voisin marocain "est en train de s'adapter à la donne régionale, pour se présenter comme le garant de la protection de l'Occident", soutiendra l'intervenant, en se référant à "la politique africaine" de Rabat qui veut "faire croire que le Polisario est un mouvement terroriste". L'autre conférencier, en l'occurrence l'universitaire Abdelkrim Tafaguinit, s'est penché sur l'embargo médiatique de l'Occident, mais aussi de certains médias arabes, concernant la question du Sahara occidental, qui est imposé par des "lobbies" et qui est combattu par bon nombre d'ONG internationales des droits de l'Homme et de soutien au peuple sahraoui. Il a, néanmoins, observé qu'"aucun pays dans le monde ne reconnaît la souveraineté marocaine au Sahara occidental". Lors du débat, l'ambassadeur de la Rasd à Alger, Bouchraya Hamoudi Sidina, a invité l'assistance à distinguer la position des pays occidentaux de celle de la France qui, dira-t-il, "est le seul pays européen et occidental qui pose problème, dans le contexte actuel". De son côté, le président de la Commission sahraouie des droits de l'Homme, Abba El-Haïssen, a alerté sur un "élément décisif", celui de "la volonté du peuple sahraoui" qui est toujours "attaché à son Etat indépendant", rappelant, en outre, l'existence de la 4e Commission (de décolonisation) de l'ONU et de la Minurso "chargée du référendum", ainsi que les "positions" de l'UA en faveur du droit à l'autodétermination. H. Ameyar