Alors que le Snommar accuse la direction de la compagnie d'avoir programmé la catastrophe du port, les travailleurs, eux, montrent du doigt ce syndicat. Le collectif des travailleurs de la Cnan- Group réagit encore à l'occasion d'une assemblée générale tenue hier au siège de leur entreprise. Ordre du jour : le syndicat des officiers marins (Snommar) coupable d'être derrière “la campagne calomnieuse de désinformation et de déstabilisation” menée contre la Cnan, et de manifester leur soutien à leur P-DG, M. Koudil, et à trois autres cadres dirigeants maintenus en détention préventive. Les travailleurs de cette entreprise pensent, en effet, que ces mesures ont sapé la crédibilité et la confiance "des différents partenaires de l'entreprise aussi bien nationaux qu'étrangers". L'emprisonnement des quatre cadres de la Cnan aurait également, d'après les travailleurs, entraîné "un immobilisme et une démotivation, mais surtout installé une suspicion" au sein des responsables de l'entreprise qui ne veulent plus prendre des décisions de peur de subir le même sort que leurs collègues. Une situation qui se traduit, d'après le communiqué du collectif, par un "manque à gagner et des charges plus lourdes”. Ils constatent aussi que les assureurs ont augmenté leurs prestations à hauteur de 60% à cause de cette "perte de confiance". Les travailleurs relèvent, par ailleurs, les contrecoups outre-mer de cette situation à travers, notamment le contrôle systématique des navires de la Cnan avec tout ce que cela suppose comme "immobilisations injustifiées". Les employés du pavillon national estiment que leur entreprise a enregistré ses meilleurs résultats en 2004. Une “performance” qu'ils attribuent au plan de restructuration mis en place, non encore achevé du reste. Mieux, ils prévoient de meilleurs résultats pour les deux prochaines années avec le parachèvement du plan. Le collectif des travailleurs jette un pavé dans la mare déjà bien trouble de la Cnan en notant que les "performances dérangent des personnes touchées dans leurs intérêts personnels par les changements effectués au sein de l'entreprise" . Les employés de la Cnan n'hésitent pas d'ailleurs à parler de "complot ourdi par les ennemis de notre compagnie". Manifestement, certains de l'"innocence" de leur P-DG et des trois autres cadres dirigeants, les travailleurs de la Cnan, tout en faisant "confiance à la justice", se disent persuadés que "la vérité finira par jaillir et que toute la lumière sera faite sur les évènements [la catastrophe du port]”. Et pour cause, le collectif de la Cnan réuni hier en présence des syndicats UGTA de l'entreprise, des douanes, du port d'Alger, de l'union de wilaya et des cadres de la compagnie est convaincu qu'il y a un “complot” contre la Cnan. Et ils désignent les instigateurs : "Certains commandants affiliés au pseudo-Snommar (…) et un groupe occulte de rentiers." Après avoir dénoncé "les comploteurs", les participants à l'AG ont suivi un exposé sur la situation structurelle de l'entreprise dans lequel il a été mis en exergue "les résultats positifs du plan de redressement" et les perspectives "prometteuses" pour les prochaines années. Un tableau de bord qui contraste beaucoup avec l'état des lieux dressé par le ministre des Transports M. Maghlaoui qui, sur les ondes de la radio au lendemain du naufrage, avait qualifié la situation de la Cnan de "catastrophique", voire menacée de "faillite" Aussi le PV de la réunion d'hier souligne-t-il à propos du naufrage du Béchar que l'alerte a été reçue à 16h40, tandis que le ministre avait affirmé que ce fut à 10h53. C'est sans doute pourquoi le collectif des travailleurs a retenu le principe de faire une requête au ministère de tutelle en vue d'obtenir une copie du rapport de la commission d'enquête. Une lettre de dénonciation du “complot contre la Cnan” sera également adressée, entre autres, au Chef du gouvernement. H. M.