Les éditions Marguerite ont collaboré avec plusieurs journalistes de l'ancien quotidien Le Matin, dont Mohamed Benchicou, ancien directeur de la publication, Hassan Zerrouky, journaliste à l'Humanité (ancien journaliste au Matin), et Youcef Rezzoug, ancien rédacteur en chef du journal. Ces trois ouvrages, dont une réédition et deux travaux collectifs, traitent de l'actualité politique algérienne, des figures de l'indépendance, ainsi que de la décennie noire. Publié dans un premier temps en 2011 aux éditions Riveneuve en France, Le dernier soir du dictateur est une pièce théâtrale écrite par Mohamed Benchicou, sur une idée de Sid Ahmed Agoumi. Elle est la première création littéraire algérienne inspirée du mouvement révolutionnaire qui a traversé le Maghreb et le monde arabe. Que se passe-t-il dans la tête d'un chef d'Etat autocrate qui apprend qu'un soulèvement populaire menace le président d'un pays proche, quinze jours après la destitution du président d'un pays voisin à la suite d'une autre insurrection ? Dans le dernier soir du dictateur, on accompagne les derniers instants d'un autocrate qui n'a pas vu changer le monde ni grandir une nouvelle génération d'hommes et de femmes dont il ne saisit pas le profond désir de vivre une autre vie. Dans l'ouvrage Sansal Khadra Boudjedra face au GIA séducteur, Rachid Mokhtari, universitaire, essayiste et ancien journaliste au quotidien Le Matin, nous propose dans cet essai une étude portant essentiellement sur la construction fictionnelle du terroriste dans les romans d'écrivains algériens publiés en France de 1989 à 2011. En préambule, Charlotte Lacoste (agrégée de lettres, enseignante en littérature française contemporaine à l'université de Nancy) explique la manière dont on arrive à faire du bourreau une victime, à travers l'écriture "puisque ce bourreau de papier (...) a été fabriqué de toutes pièces par un auteur qui l'a équipé de caractéristiques incitant le lecteur à se reconnaître en lui, avec toujours le même prétexte : le mettre en garde contre ses propres démons". L'auteur part d'une double interrogation : quelles images littéraires nos écrivains donnent-ils de leurs personnages terroristes affiliés au Groupe islamique armé (GIA), et comment ces derniers évoluent-ils dans la fiction ? Aussi, comment l'ancien maquisard de l'ALN de 1954, progressivement décrédibilisé, a cessé d'être un repère, un symbole, un père, un emblème, au profit du terroriste islamiste "émir" égorgeur et exterminateur. Promu en personnage sympathique, pathétique qui suscite auprès du lecteur une séduction morbide. C'est donc un travail sur près d'un quart de siècle, dans l'histoire littéraire contemporaine de l'Algérie après l'ouverture démocratique du 5 octobre 1988, qui nous est proposé. Dans la 3e publication, ce sont pas moins de sept auteurs qui ont participé à la réalisation de l'ouvrage collectif paru aux mêmes éditions, Novembre 54 et la faillite démocratique, dont Mediene Benamar, Mourad Bourboune, Sadek Hadjeres, et bien d'autres noms de scène littéraire et journalistique algériennes. Ce livre est dédié au moudjahid Abdelhafidh Yaha, co-fondateur du FFS, et à Hocine Aït Ahmed ainsi qu'à tous ceux qui ont refusé une indépendance sans la démocratie. Les auteurs font le bilan soixante ans après le déclenchement de la guerre de libération. "Novembre 1954 a apporté l'indépendance mais oublié la démocratie. Voilà 53 ans que l'Algérie vit sous la coupe d'un Etat policier propriété et groupe que personne n'a ému", peut-on lire dans la quatrième de couverture. Cet essai fait le constat d'une indépendance gâchée par les intérêts personnels et les convoitises de certains. Ceci est d'autant plus difficile à accepter, qu'"en 1962, on avait tous les moyens de réussir. On avait des têtes, des militants dévoués, un peuple prêt à tout pour faire de l'Algérie un pays moderne et prospère. Mais...", s'insurge feu Mohamed Mechati. Tout au long de l'ouvrage, les auteurs tenteront de répondre à la question : pourquoi et comment Novembre a-t-il débouché sur cette faillite démocratique ? Et feront parler des figures historiques, des intellectuels et historiens de renom. Yasmine Azzouz
-Le dernier soir du dictateur, de Mohamed Benchicou, Marguerite éditions, Alger 2015, 91 pages, 450 da. -Sansal Khadra Boudjedra face au GIA séducteur, de Rachid Mokhtari, Marguerite éditions, Alger 2015, 114 pages, 800 DA. -Novembre 54 et la faillite démocratique, ouvrage collectif, Marguerite éditions, Alger 2015, 149 pages, 850 da.