"Lors de ma visite, j'ai observé qu'il existe un héritage de tolérance envers certaines formes de violence dans certains contextes, et contre certains groupes et tranches de la population. Dans une large mesure, la violence contre les enfants et les femmes est largement tolérée par la société", a relevé le rapporteur onusien sur le droit à la santé, Dainius Puras, indiquant également que "les châtiments corporels, y compris contre les enfants, restent légaux dans la famille, les structures d'accueil et les établissements pénitentiaires. Les femmes maltraitées, y compris par leur mari, ne reçoivent pas toujours une protection par les services adéquats, et sont socialement stigmatisées". Le rapporteur onusien a fait remarquer que les mesures législatives récentes "sont à saluer", telles que celles concernant la protection des enfants à travers la loi 15-12 de 2012, et la protection des femmes contre la violence avec les amendements au code pénal, 2016. Cependant, ces mesures prises par les autorités algériennes restent insuffisantes, selon M. Puras, qui a souligné que leur mise en œuvre nécessite des allocations budgétaires adéquates, la mise en place de services et de protocoles appropriés ainsi que la sensibilisation générale et la formation des professionnels clés, travailleurs de la santé, la police et les enseignants, entre autres. Pour ce faire, il a appelé à la conjugaison des efforts de toutes les parties prenantes, y compris les organisations représentant les femmes et les jeunes. "J'encourage les autorités à continuer à travailler sur les campagnes intersectorielles pour mettre un terme à la violence dans le pays, avec l'assistance technique des institutions pertinentes des Nations unies", a-t-il insisté. "La prévention de la violence est essentielle pour assurer la pleine jouissance du droit à la santé et pour répondre efficacement aux objectifs dans le cadre du développement durable. Cela doit être fait par des investissements dans les services de soutien modernes pour les enfants, les femmes, les familles et les jeunes, ainsi que par le biais de la sensibilisation du grand public de telle sorte qu'aucune forme de violence, même légère, ne devrait être tolérée et les victimes doivent être protégées et non blâmées", a indiqué M. Puras. Selon le représentant onusien, l'autre grand défi qui attend le pays, est la baisse du taux de mortalité maternelle et néonatale, dont la majorité peut être évitée. "Algérie n'a pas réussi à relever le défi du millénaire numéro 5 sur la réduction des taux de mortalité maternelle à l'horizon 2015", a regretté le rapporteur. Par ailleurs, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la santé, a dressé un tableau peu reluisant du secteur de la santé en Algérie, concédant toutefois que quelques avancées sont à noter. Lors d'un point de presse tenu, hier, au bureau de l'agence onusien, à Alger, le rapporteur a félicité les réalisations des autorités algériennes pour l'amélioration de la situation de santé dans le pays par le biais d'un engagement soutenu à la politique de santé publique, mais a appelé à davantage d'efforts pour garantir que "personne ne soit laissée de côté". "Après deux semaines dans le pays, j'ai rassemblé une grande quantité d'informations et de témoignages, qui m'aideront à évaluer la réalisation du droit à la santé en Algérie. Aujourd'hui, je ne présenterai que certaines de mes observations préliminaires qui seront détaillées dans un rapport à présenter au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève, en juin 2017", a déclaré le rapporteur onusien. DJAZIA SAFTA