Des journalistes, des chefs de partis de l'opposition, des leaders de syndicats autonomes, des militants associatifs et des citoyens anonymes se sont retrouvés devant le tribunal. La solidarité avec le groupe de presse El Khabar, poursuivi en justice par le ministère de la Communication qui lui conteste le droit de céder des actifs au profit de Ness-Prod, filiale de Cevital, ne faiblit pas. Au contraire, elle s'est grandement élargie, comme en témoigne la participation importante au rassemblement d'hier devant le tribunal administratif de Bir-Mourad-Raïs devant lequel l'affaire est portée. Des journalistes, des chefs de partis de l'opposition, des leaders de syndicats autonomes, des militants associatifs et des citoyens anonymes se sont retrouvés devant le tribunal pour dénoncer la cabale contre un média dont le pouvoir a ordonné la mort. Dès 9h, soit deux heures avant l'ouverture du procès, les protestataires arrivaient par petits groupes de deux à trois personnes et se massaient sur le trottoir en face du tribunal. Sous le regard nerveux des policiers dépêchés sur les lieux pour "encadrer" la manifestation, éviter qu'elle ne perturbe la circulation automobile et, au besoin, la réprimer. Finalement, elle n'a pas eu à le faire, tant est que les personnes venues soutenir El Khabar et, donc, dénoncer Hamid Grine, ont fait montre d'une discipline exemplaire. Ce qui ne veut pas dire qu'elles n'ont pas crié à gorges déployées leur profonde indignation face à cette opération liberticide. Sans interruption, jusqu'à ce que le collectif des avocats de la défense sorte du tribunal et annonce la décision du juge de renvoyer le procès au 25 mai prochain, à la demande de la partie plaignante. Sur les affichettes exhibées et les banderoles déployées à l'occasion, on pouvait lire notamment "El Khabar ne mourra pas", "Grine dégage". Des slogans que les manifestants n'hésitaient pas à scander en chœur, pendant que Mohcine Belabbas, le président du RCD, Louisa Hanoune, la secrétaire générale du PT, Abderrazak Makri, le président du MSP, Karim Tabbou, porte-parole du parti non agréé UDS, Abdelaâziz Rahabi, l'ancien ministre de la Communication, ou encore Khalida Toumi, également ancienne ministre de la Communication, s'entretenaient avec la presse. Les journalistes ne prendront congé des leaders partisans et personnalités politiques venus au rassemblement qu'au moment où les avocats de la défense sortent du tribunal pour se retrouver vite assaillis, dès qu'ils traversent la chaussée pour rejoindre le rassemblement. Ils informeront d'abord que le procès est reporté, acceptant, pour certains, d'expliquer les dédales de la procédure judiciaire. Le rassemblement s'est dispersé dans le calme, avec, chez chacun des manifestants, le sentiment du devoir accompli, mais surtout avec la volonté manifeste de rester mobilisé. R. N.