C'est dans cet espace encore encerclé par des arbres touffus qu'est né, le 15 janvier 1921, ce "bandit d'honneur" qui a donné du fil à retordre au colonialisme français. Pour accéder au village d'Aït Aliane au contrebas de Sid-Ali-Bounab, nous avons emprunté une route, sinueuse et étroite, fraîchement aménagée. Aux abords des ravins tortueux semés de blocs de pierres gris que les fougères peinent à couvrir. L'eau coule de partout. On n'entend que les bruits du ruissèlement mêlé aux cris des oiseaux. De loin, se dresse l'immense crête toute verte de Sid-Ali-Bounab. Le relief est saisissant. Au pied de ces belles collines olivâtres se dresse le petit village d'Aït Aliane. À côté d'un pâté de maisons, la plupart désertées, une fontaine intacte qui a résisté à l'usure continue d'alimenter les gens en eau potable fraîche. À quelques mètres se trouve une demeure en ruine qui, à elle seule, fait remonter des souvenirs glorieux de la Révolution. Il s'agit de la maison parentale d'Amar Amsah. C'est dans cet espace encore encerclé par des arbres touffus qu'est né, le 15 janvier 1921, ce "bandit d'honneur" qui a donné du fil à retordre au colonialisme français. Et c'est l'endroit choisi délibérément par les jeunes de l'association Tamussni de Naciria pour rendre hommage à ce révolutionnaire. Tout prêt de la maison, ils ont dressé une scène de fortune qui va recevoir les comédiens de la troupe Tharwa Lassel et celle de Ithrene de Takerboust qui vont interpréter respectivement Sidi Roi et Timest inspirés du conte kabyle d'Ahadad El-Khalouze. Le public comblé exalte, mais c'est toujours l'émotion qui domine. "L'histoire n'oublie jamais les hommes", rappelle la grande banderole accrochée entre deux châtaigniers. Ces deux arbres étaient certainement encore là, lorsqu'Amar Amsah, tout jeune, décida de quitter son village pour aller s'installer à Alger où il fonda une association de bienfaisance à caractère nationaliste. Il rejoint ensuite le PPA avant de rallier l'Organisation secrète (l'OS) qui le charge de mener les activités dans la région de Bordj Menaïel, Naciria et Dellys. À cause de son nouveau statut de baroudeur, sa tête sera mise à prix par Dédier Melmoux, un célèbre inspecteur de l'époque, qui voulait gravir des échelons en voulant mettre la main sur ce bandit d'honneur qui continue de faire trembler les responsables militaires français installés à Alger. Mais Amsah, connu pour son intelligence et son courage, préféra prendre l'initiative le premier en se débarrassant de Melmoux en ce jour du 12 juillet 1947, précisément au village Tighzar N'Aït Yahia. Cet acte de bravoure va se répandre très vite au sein de la population et va alimenter toutes les discussions, notamment chez les Français qui commencent à redouter les acticités du jeune Amsah. Pour épargner ce vaillant militant de tout danger, la direction du PPA décida de sa mutation à Sidi Daoud, l'ex-Abbo. Là, Amar Amsah poursuit son combat, toujours dans la clandestinité. Mais le 16 mai 1949, alors qu'il était en mission demandée par le PPA, il s'accrocha avec des soldats français et mourut les armes à la main. Sa mort fera la manchette de L'Echo d'Alger du 17 mai 1949 et de nombreux autres journaux de la métropole. Les jeunes de Naciria, qui se réclament fièrement de Kahina, de Ben Mhidi, d'Abane Ramdane, de Djamila Bouhired et de tous les martyrs de la Révolution, ont décidé d'ériger une stèle à la mémoire du héros oublié par l'histoire officielle, dans la ville de Naciria. Une pétition circule pour concrétiser ce projet qui leur tient à cœur. M. T.