Le sculpteur céramiste, Nathalie Andris, présentera l'exposition "Jeux de dames", le 21 mai, à l'hôtel Sofitel d'Alger. Dans cet entretien, elle revient sur son travail et son engagement artistiques. Liberté : Vous êtes sculpteur céramiste et designer, le 21 mai, aura lieu le vernissage de votre exposition "Jeux de dames", à l'hôtel Sofitel... Nathalie Andris : L'exposition est composée d'une soixantaine de sculptures en céramique. Je travaille également avec du bois flotté et du verre en tant que support. Ma passion, c'est la céramique que j'ai découverte il y a une vingtaine d'années. À travers mon travail, je veux démontrer que nous pouvons réaliser toutes nos idées avec la céramique et utiliser l'art aussi pour faire passer des messages, pour moi c'est dans ce sens-là que je le fais. "Jeux de dames" est centré sur le rôle et la position de la femme dans la société. Dans quel sens vos œuvres vont-elles véhiculer ce message ? Ce qui me heurte un peu, c'est la femme : elle prend beaucoup sur elle et tous azimuts. J'ai une pièce qui représente une maman. Cette femme, une fois qu'elle met un enfant au monde, elle bloque sa vie pour ses enfants. Nous retrouvons également, la femme et la prostitution, par exemple, quand les hommes font la guerre, la femme se retrouve au milieu des conflits (viols, agressions...). Mais, "Jeux de dames", c'est aussi des femmes qui se complaisent dans leur soumission. Il y a des pièces qui représentent des grillages devant des visages : la femme ne peut pas parler, elle ne peut pas penser. Le siècle dernier, il y a eu beaucoup d'inventions faites par les femmes mais les brevets étaient déposés par les hommes (les maris), parce que la femme ne pouvait pas penser. J'ai réalisé également une pièce qui ne "parle pas" : la bouche de la femme est cousue. Cette œuvre représente la censure. Il y a des choses qui sont assez agressives pour faire passer un message justement de paix et d'antiracisme. Cette thématique peut prêter à confusion, qu'en est-il de la signification de "Jeux de dames" ? "Jeux de dames" est à double sens. En fait, il y a des femmes qui jouent avec ça. L'un de mes élèves m'a dit : "Les femmes profitent de leur statut de femmes : je ne sors pas mes poubelles...". Il y a des femmes qui se complaisent dans ce système-là et qui aiment bien être prises en charge. Alors, que c'est un être humain à part entière. La femme ne sera jamais l'égale de l'homme, comme l'homme ne sera jamais l'égal de la femme. Je veux dire que nous avons droit à autant de respect qu'un homme. Dans votre exposition vous avez abordé la situation de la femme, avez-vous toujours été engagée dans votre travail ? Dans mes précédentes expositions, les thématiques étaient légères. En Belgique, j'ai surtout participé à des expositions collectives mais en Algérie, il y a eu des problèmes de coordination. Il y a également, une thématique qui m'interpelle celle de la malbouffe, maintenant, les gens mangent XXL, je veux faire comprendre qu'on mange mal, et cela, provoque des maladies, des problèmes psychologiques... En fait, mon travail porte sur la société. Il y a beaucoup de choses qui me heurtent. Oui, je suis une artiste engagée, mais, je voudrais l'être davantage ! L'artiste qui m'interpelle souvent c'est Ai Weiwei, il a fait de la prison, il a été interdit de sortie de son pays (Chine)...Chacun mène son combat à sa manière. Pour moi, l'artiste peut faire bouger les choses, maintenant, il est dangereux de bouger seul, c'est le cas avec Coluche, nous sommes toujours intrigués par sa mort. Vous dispensez des cours de sculpture à de jeunes amateurs. En quoi consistent ces ateliers ? Ce sont des gens qui veulent apprendre les techniques et développer la créativité, ce sont des amateurs. J'ai une dizaine d'élèves, il y en a qui viennent depuis un an et demi. Ce sont des cours de base sur le plâtre, l'estompage, le moulage, et je leur apprends aussi le mélange des techniques, colombin et plaque. H. M.