Samedi et dimanche encore, des attaques meurtrières ont eu lieu entre Tombouctou et Goundan, dans le centre-ouest du Mali, où les groupes terroristes ont multiplié ces derniers temps les embuscades contre l'armée malienne et les forces onusiennes (Minusma). Les pays de l'Afrique de l'Ouest veulent en finir avec le terrorisme islamiste, qui les touche les uns après les autres, en annonçant leur intention d'agir ensemble sur le terrain. Pour eux, la source du mal est dans le nord du Mali, devenu le sanctuaire des groupes islamistes, principalement Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce pourquoi, ils estiment qu'il est temps de créer une force armée multinationale, sous la responsabilité de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), a rapporté l'Agence ivoirienne de presse (AIP). "C'est le nord du Mali qui constitue aujourd'hui la source du mal. Tant que la source n'est pas attaquée nous sommes tous en danger", a indiqué le président nigérien jeudi, lors d'une réunion à Abidjan des chefs d'Etats membres de la Cedeao. "Tant que la situation au Mali n'aura pas trouvé de solution, tous nos pays sont en danger. Que ce soit Abidjan, Dakar, Conakry, Ouaga, Niamey nous sommes tous en danger tant qu'on n'aura pas liquidé les organisations terroristes qui occupent le nord du Mali", a insisté de ce fait Mahamadou Issoufou, a rapporté encore l'AIP. Pour le président du Niger, les attentats qui ont touché Ouagadougou (Burkina Faso) et le Grand-Bassam à Abidjan (Côte d'Ivoire) sont préparés et commandés à partir du nord du Mali, où Aqmi s'est allié avec d'autres groupuscules terroristes pour étendre son influence à l'ensemble des pays voisins, comme si elle voulait démontrer qu'elle peut agir partout et à n'importe quel moment. La déclaration de la Cedeao intervient parallèlement à celle de l'Union africaine (UA) qui compte constituer également une force internationale pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel et en Afrique centrale, où l'expansion du groupe terroriste nigérian Boko Haram a fait l'objet, à la mi-mai, d'un sommet international à Abuja. Mais, jusqu'à maintenant, le projet de l'UA est toujours à l'étude. Une commission de l'organisation panafricaine devrait se rendre à Bamako dans les semaines à venir pour étudier la possibilité de la mise en place de cette force armée internationale, dont l'objectif est d'appuyer l'armée malienne, ainsi que l'opération française Barkhane. La dégradation de la situation sécuritaire dans le nord du Mali, ces derniers mois, pourrait accélérer le processus de création de ces forces armées. Mais les pays concernés et l'UA devraient affronter un autre problème d'ordre matériel et financier. Ni la Cedeao ni l'UA n'ont suffisamment de moyens pour répondre à des missions militaires d'une telle envergure et sur une aire géographique aussi vaste que le Sahel. Les blocages auxquels sont confrontés les membres de la médiation internationale dans la mise en œuvre de l'accord de paix d'Alger compromettent la réussite de ces missions. Et pour cause, sans l'implication des ex-rebelles, signataires de l'Accord d'Alger, il sera difficile, voire impossible, d'arriver à bout d'Aqmi, d'Ansar Eddine et des autres groupes terroristes qui écument le nord du Mali et qui se déplacent aisément entre les pays de la région aux frontières poreuses et aux Etats fragiles sur les plans sécuritaire, politique et économique. Lyès Menacer