L'exclusion par le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, du patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, du forum d'affaires algéro-britannique organisé, avant-hier à Alger, suscite une réaction de désapprobation chez des partis politiques d'opposition. C'est le cas notamment du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et de Jil Jadid, les seuls disponibles, hier, à répondre à notre sollicitation sur ce sujet. Nous avons, en effet, vainement tenté, durant toute la journée d'hier, de faire réagir d'autres formations. En vain. Les rares représentants joignables, dont certains opposants farouches à M. Bouchouareb et à sa politique industrielle, nous ont déclaré qu'"ils ne sont pas encore suffisamment informés" sur l'éviction de M. Rebrab de ce forum pour pouvoir exprimer leur position. L'affaire a pourtant fait couler beaucoup d'encre et de salive. Pour revenir au sujet, le RCD juge qu'"exclure un capitaine d'industrie de la trempe d'Issad Rebrab de cette rencontre" relève tout simplement d'un "comportement digne d'Etats voyous !". Ahtmane Mazouz, secrétaire national à la communication au RCD, qui a accepté de répondre à nos questions, estime qu'"Abdeslam Bouchouareb et son clan ont agi en hors-la-loi". Et de regretter qu'"à travers ce fait du prince, c'est toute la nation qu'ils viennent d'humilier devant des étrangers". Pour lui, l'Algérie traverse aujourd'hui une phase de "décadence totale". Il déplore qu'"après avoir privatisé et clientélisé les institutions, ils (les décideurs, ndlr) veulent soumettre toute la société et briser tous ses ressorts". Or, relève le représentant du RCD, "pour les Algériens, Issad Rebrab est l'exact contraire de la secte au pouvoir. Lui, il représente la réussite par le fruit de son travail, et ce pouvoir est celui des corrompus qui vivent de l'argent du contribuable et des marchés publics". Le RCD ne manque pas ainsi d'apporter son "franc soutien à Rebrab dans cet acharnement qu'il subit de la part d'un pouvoir aux abois". Même son de cloche chez le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, pour qui "le comportement actuel de certains ministres n'est que le symptôme d'une très grave maladie". Pour lui, "ces comportements sont, du point de vue moral, odieux et insoutenables, alors qu'économiquement parlant, ils traduisent une volonté de destruction programmée de tout crédit algérien". "Comment voulez-vous que des investisseurs étrangers viennent investir en Algérie lorsque nos investisseurs sont traités de cette façon et pendant que certains ministres et leurs proches sont cités dans des affaires d'évasion fiscale, de transferts illicites de devises à l'étranger ?", s'interroge, en conclusion, le président de Jil Jadid, parti membre, au même titre que le RCD, de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD). Farid Abdeladim