Des professeurs en chirurgie et des spécialistes dans le traitement des cancers sont convenus qu'il y a nécessité d'adopter une stratégie nationale de dépistage du cancer colorectal lors de la journée d'étude sur le cancer colorectal, organisée à Boumerdès par l'association Errahma. Selon une étude présentée par Dr Mazouzi qui a donné des détails sur le projet pilote de la wilaya de Béjaïa dit Plan cancer 2015-2019, les incidences du cancer colorectal, de la vessie, du poumon, de la prostate, du sein chez la femme ont augmenté d'une manière significative et de façon constante ces deux dernières décennies. Cette étude préconise, selon l'intervenante, la mise en place d'un programme de dépistage organisé, pérennisé, accompagné d'une stratégie de détection précoce du cancer prévoyant une base de données informatisée qui permettra de diminuer le taux de mortalité. Abordant le projet-pilote de Béjaïa, Dr Mazouzi a indiqué que la réussite de ce projet dépendra du degré de participation de la population mais aussi des médecins généralistes et des acteurs de la société civile. Selon elle "un taux de participation de 100% permettra de diminuer le taux de mortalité à 40% et si le taux était de 50%, le taux de mortalité sera réduit à 20%, et c'est celui là notre objectif", ajoutant que cette étude va cibler 10% de la population de Béjaïa soit 10 000 habitants âgés de 50 à 75 ans. "Ce projet nécessite un vaste plan de mobilisation et de sensibilisation de la société, du mouvement associatif des pouvoirs publics, des médecins généralistes, des mass-médias, etc.". Pour sa part, le professeur Oukal a indiqué qu'une opération de dépistage à l'échelle nationale dépend de l'importance et du taux de l'incidence de cette pathologie en Algérie. "C'est pourquoi nous devons attendre les résultats de l'opération-pilote projetée dans la wilaya de Béjaïa pour voir si cette étude devra être étendue à toutes les autres wilayas et permettra en cas de besoin d'élaborer un programme national qui s'occupera de toute la population", a-t-il expliqué. Quant au professeur Kanoune, elle a estimé qu'un dépistage de masse est impossible à mener pour le moment, préconisant plutôt un dépistage ciblé d'abord chez les familles et les personnes à risque, précisant qu'une opération de dépistage de cette envergure nécessite un registre des tumeurs. "On doit avoir un registre de familles à risques, les répertorier au niveau national et suivre leurs descendants, pour pouvoir ensuite établir les règles qui conduiront à adopter une stratégie permettant de mener des opérations de dépistage de cette envergure". Le professeur Maâoui a mis l'accent sur l'hygiène alimentaire à observer et surtout éviter les viandes qui favorisent de développement de ce type de pathologie. "Eviter la viande surtout et si possible la remplacer par la sardine de Zemmouri, je vous conseille d'être végétarien", a-t-il insisté. À noter que selon les intervenants, plus de 2200 cas de cancer colorectal sont recensés chaque année. Mme Razi Malika présidente de l'association Errahma qui a déjà mené plusieurs opérations de dépistage chez les femmes, a indiqué que cette rencontre a permis aux différents médecins et spécialistes d'échanger leur vues et leurs expériences en vue de lutter plus efficacement contre cette pathologie. M. T.