Prétextant la fraude massive au bac, les partis islamistes se déchaînent contre la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit. En effet, en marge d'une rencontre, hier, à Touggourt, sur le développement local, le président du MSP, Abderrezak Makri, a réclamé la tête de la ministre qu'il accuse d'avoir été la première à engager la "guerre" idéologique en confiant la réforme de l'éducation à des experts français. Prétexte qui servira d'argument aux autres partis islmamistes dont le FJD d'Abdallah Djaballah. Pour Makri, Benghabrit a fait l'objet d'un complot parce qu'elle a été la première à engendrer un conflit idéologique en faisant appel à des experts français et partenaires étrangers pour confectionner et réformer les programmes éducatifs tout en privilégiant les langues étrangères au détriment de la langue arabe et de l'éducation islamique. Pour M. Makri, Mme Benghabrit est responsable de la suppression de quelques sourates et versets coraniques des nouveaux manuels scolaires et l'anéantissement de beaucoup de cadres du secteur porteurs d'un projet contradictoire au sien. M. Makri a qualifié la fraude et la fuite des sujets du bac de cette année de phénomène d'une ampleur sans pareille dans l'histoire. Selon lui, cette fraude est le résultat de trois dimensions morales : la première dimension, dit-il, découle de la politique de la corruption et de la fraude adoptée depuis longtemps par le pouvoir en place, la deuxième est celle liée à l'atteinte à la souveraineté nationale et la dernière est en rapport avec le conflit déloyal engagé par certains clans au pouvoir. Par ailleurs, Abdallah Djaballah, président du FJD, qui était à Bordj Bou-Arréridj, a tiré à boulets rouges sur la ministre qu'il accuse de vouloir "franciser" les programmes de l'éducation nationale après qu'elle eut fait appel à des experts français en vue de concevoir des programmes pour les écoliers algériens. Au sujet du bac, Djaballah a clairement demandé à la ministre et à tout son entourage de démissionner. Djaballah a, en outre, réajusté son initiative de rassembler les partis de la mouvance islamiste après que plusieurs leaders de mouvance islamiste, notamment le MSP, El-Islah et Ennahda se sont déclarés non concernés. Pour tenter de rallier un maximum de personnes à son nouveau projet, Abdallah Djaballah a fait une concession. Il accepte de ne pas impliquer directement son parti, le FJD, dans cette démarche. Il veut se transcender et apparaître comme le rassembleur du courant islamiste. Hier à Bordj Bou-Arréridj, Djaballah a présidé une rencontre pour le retour de quelques ex-militants d'El-Islah dont Boulahya. "Notre initiative émanant d'un groupe d'individus et non pas de partis ou d'autres structures politiques, se veut un appel à tous les Algériens. Elle s'adresse à tous les enfants du projet islamique que représentent tous les croyants en l'islam comme religion d'Etat, sans distinction ni préférence", a tenu à préciser M. Djaballah en ajoutant que le retour de Boulahya est un signe de réussite de son appel à l'union. A. Dafeur/C. BOUARISSA