Pour limiter les pertes d'emploi, 58 000 selon une projection, le président du Forum des chefs d'entreprise préconise un effort de mise à niveau plus conséquent du tissu industriel accompagné d'une modernisation réelle de l'administration. Conformément aux dispositions de l'article 110 de l'accord d'association relatives aux procédures de sa ratification et en application de dispositions de l'article 131 de la Constitution algérienne, le gouvernement soumettra au moins de mars prochain l'accord d'association aux deux Chambres du Parlement pour adoption. L'information a été rappelée, hier, par le ministre de l'Industrie à l'ouverture de la journée d'information et de sensibilisation sur la place du secteur industriel et de la petite et moyenne entreprise dans l'accord d'association conclu entre l'Algérie et l'Union européenne, organisée hier au palais de la culture. Le ministre est convaincu que cet accord, qui rentrera en vigueur le deuxième jour du deuxième mois après sa ratification, “grâce à sa mise en œuvre progressive présente des avantages certains pour l'industrie nationale”. Se voulant rassurant M. El-Hachemi Djaâboub affirme que “le calendrier du démantèlement tarifaire total ne sera accompli qu'à l'horizon 2017”. Cela n'a pas pour autant dissipé les craintes des opérateurs économiques algériens. “Dans une perspective qui s'inscrirait dans le court et le moyen terme, nous ne pouvons nous empêcher de nous préoccuper de certaines dispositions de cet accord qui auront immanquablement des effets négatifs sur les entreprises algériennes”, souligne le président du Forum des chefs d'entreprise, M. Omar Ramdane. Le président du Forum des chefs d'entreprise estime que la mise en œuvre de l'accord d'association “n'interroge pas que les performances des entreprises, il concerne également et au premier chef celles de l'administrations économique et commerciale”. Omar Ramdane précise que les entreprises algériennes n'ignorent pas qu'elles doivent nécessairement développer leurs capacités d'adaptation aux transformations induites par l'accord d'association, dont la ratification par l'Algérie est annoncée pour le mois de mars prochain. Mais, estime-il, elles attendent aussi un accompagnement adapté de la part des pouvoirs publics pour les aider à se moderniser et à supporter le choc graduel de la zone de libre-échange. Omar Ramdane, en disant cela, pense en fait à la nécessité de mise en place d'un programme conséquent de mise à niveau, comme cela a été le cas en Tunisie. Le président du Forum des chefs d'entreprise parle “de précautions minimales préalables à la mise en œuvre de l'accord”. Il cite l'information correcte des entreprises sur les démantèlements tarifaires, l'évaluation des conséquences de l'accord dans l'ensemble des filières industrielles et l'identification des modalités d'accompagnement de la mise en œuvre de l'accord d'association. Pour rappel une étude, “Analyse des impacts macro-économiques et sectoriels de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne”, réalisée pour le compte de l'administration centrale algérienne par un bureau d'études étranger, Sema-Schlumberger, dont Liberté s'est déjà fait l'écho, a abouti à quelques résultats intéressants, en dépit des insuffisances par ailleurs clairement signalées en matière d'informations économiques de base touchant à l'évolution des secteurs industriels algériens. L'impact global en termes d'emplois industriels est assez significatif, puisqu'il touche une perte totale estimée à 58 020 emplois ; même si cette estimation est une simple extrapolation de la diminution de la masse salariale, elle reste préoccupante par son ampleur. Il est, du reste, important de souligner que cette conclusion importante de l'étude est le résultat d'une simulation purement théorique qui appréhende les conséquences d'une application immédiate de l'accord : en d'autres termes, les autorités économiques disposent d'un délai important pour mettre en place la politique et les instruments qui permettraient à l'économie algérienne de surmonter cet écueil. Hier un représentant du ministère des Finances affirme que la réforme tarifaire de 2001 a induit une baisse de taux de protection tarifaire de 16% en 2001 à 11% en 2002 soit cinq points de pourcentages de moins. Les importations des biens d'équipement et des biens de consommation industrielle ont, par ailleurs, flambé. Selon lui, la moins-value fiscale à l'horizon 2018 est évaluée à 1,5% à 2% du produit intérieur brut. Comme conséquences aussi du démantèlement tarifaire, les importations vont croître d'une manière significative et le déficit de la balance des services risque de s'aggraver. Le représentant du ministère des Finances plaide pour l'accroissement des exportations hors hydrocarbures et l'ouverture mesurée du marché interne des services. 15 000 entreprises créées 211 000 emplois enregistrés Quinze mille entreprises ont été créées en 2004, qui ont généré près de 211 000 emplois nouveaux, a affirmé hier M. Benbada, ministre de la Petite et Moyenne entreprise (PME) à l'ouverture d'une journée d'information sur la place du secteur industriel dans l'accord d'association avec l'UE. Le ministre a recensé 223 000 petites et moyennes entreprises privées, environs 80 000 artisans. Le nombre d'entreprises créées en 2004, constate le ministre, est en baisse par rapport à l'année 2003 qui a vu la naissance de 18 000 PME. M. R.